La France fournira une aide de 350 millions d’euros (environ 695 millions de dinars) la Tunisie pour soutenir des projets prioritaires dans les domaines de la formation, de la lutte contre le chômage, de la rénovation urbaine et de la gouvernance.
Cette aide, couvrant la période 2011/2012, a été annoncée par le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, à l’issue de son entretien, mercredi, à Tunis, avec Béji Caid Essebsi, Premier ministre du gouvernement provisoire.
Un «voyage d’amitié et de solidarité»
Le chef de la diplomatie française qui effectue, une visite de travail en Tunisie qu’il a qualifiée de «voyage d’amitié et de solidarité», a mis l’accent, à l’issue de sa rencontre avec M. Caid Essebsi, sur «les relations profondes et anciennes» qu’entretiennent la Tunisie et la France «sur tous les plans».
«Le voyage que je fais aujourd’hui est très important pour moi. Je sais très bien qu’il a pu y avoir quelques retards ou quelques incompréhensions entre la France et la Tunisie. Je crois que tout cela est derrière nous», a déclaré M. Juppé. Qui a voulu visiblement tourner définitivement la page sur les atermoiements français dans les derniers jours du régime de l’ex-président Ben Ali.
Evoquant la révolution du 14 janvier, le ministre français a salué «un grand mouvement» parti de la Tunisie et qui touche désormais tout le monde arabe suscitant beaucoup d’admiration et de respect auprès des Français, «car il faut du courage pour secouer un régime autoritaire et policier». Ce mouvement, a-t-il ajouté, s’est passé avec un grand sens de responsabilité et avec beaucoup de maturité politique. Il a affirmé que «la France souhaite profondément le succès de ce mouvement qui voit s’affirmer des idées auxquelles nous tenons depuis longtemps, à savoir la liberté des peuples et celle des citoyens, mais également la liberté d’expression, la démocratie et les droits de l’Homme».
Réduire les inégalités entre le Nord et le Sud
L’entretien a, par ailleurs, porté sur la question de l’immigration de milliers de clandestins tunisiens qui provoque de vives tensions entre partenaires européens ces dernières semaines, notamment Paris et Rome. C’est «une question extrêmement sensible des deux côtés de la Méditerranée, qu’il faut traiter d’une manière dépassionnée en essayant de dialoguer et de se comprendre mutuellement pour réaliser les objectifs établis à court et à long termes, notamment à l’effet de réduire les écarts de développement et les inégalités entre le Nord et le Sud», a indiqué le ministre français.
«La France n’est pas un pays fermé. Ce n’est pas une citadelle ni une forteresse» a dit M. Juppé, relevant que son pays accueille, chaque année, 200.000 étrangers et abrite une communauté tunisienne de 500.000 personnes dont 13.000 étudiants. Le taux de refus de visas est de 10%. «Ces rappels pour dire que la France n’est pas une citadelle ou une forteresse. En revanche nous ne pouvons pas accepter l’immigration illégale. C’est un fléau», a-t-il plaidé.
Le ministre français a, en outre, déclaré qu’il est venu porter une invitation adressée par Nicolas Sarkozy, président de la République française, à la Tunisie pour assister à la réunion du G8 prévue à Deauville, à la fin du mois de mai prochain.
A l’issue de sa rencontre avec le président par intérim Foued Mebazaa, au Palais de Carthage, M. Juppé a réitéré le soutien de la France à la Tunisie en mobilisant l’aide de l’Europe pour favoriser son accès au «statut avancé» ainsi qu’au niveau de l’Union pour la méditerranée (UpM) et de la politique de voisinage et de partenariat.
Au programme de la visite de M. Juppé des rencontres avec son homologue Mouldi Kéfi, des bloggeurs et les présidents des trois commissions en charge de la transition démocratique jusqu’aux élections du 24 juillet pour former une assemblée constituante.
Source : agences.