Commentaire à propos de l’article ‘‘Les fils d’Abdelwaheb Abdallah écrivent à Kapitalis’’, mais aussi un coup de gueule sincère et salutaire en ces temps d’ambiguïtés et de manipulations tous azimuts.
Par Adel Mothéré*


Chers amis, j’ai dû mettre plus de deux semaines pour «digérer» la lecture de la lettre adressée à votre rédaction par les enfants de Abdelwaheb Abdallah [Conseiller politique de l’ex-président Ben Ali, ndlr] et publiée sur votre site le 6 avril courant.
Je constate que ces enfants ont été «aveugles et sourds» à ce qui se tramait dans le pays et aux complots montés par leur propre père. Ou alors ils nous prennent pour des imbéciles…

Un manipulateur-seigneur de l’information
D’abord, je leur conseille de lire ce livre-témoignages ‘‘Dégage: la révolution tunisienne’’ (p. 109) où ils apprendront, peut-être, ce qu’est ce manipulateur-seigneur de l’information, même quand il s’occupait d’un autre département, et les dégâts qu'il a occasionnés au secteur qui croulait sous sa terreur.
Qui n’a pas eu maille avec AA? Une anecdote personnelle et bête: en 2001, les Jeux Méditerranéens de Tunis, une journaliste espagnole couvrait les matchs d’une équipe féminine de son pays. Quotidiennement, elle critiquait sur sa chaîne TV notre pays dans des termes peu aimables. Après des tentatives vaines d’entrer en contact avec elle, je me suis adressé à elle sur les antennes de Rtci lui disant simplement que «ceux qui ne nous aiment pas ne sont pas obligés de séjourner parmi nous, surtout que le billet d’avion était payé en aller-retour»! Immédiatement, coup de fil à mon directeur d’antenne, avec des mots que je vous laisse imaginer (de la ceinture à…). AA a exigé mon expulsion de l’antenne, me suggérant, selon mon patron qui m’a bien défendu, d’inviter ladite journaliste à un pot et à la b… Pour lui, ça aurait été mieux que de défendre avec des mots l’honneur du pays!
Mon directeur était gêné pour moi. Je me suis éloigné du direct jusqu’à la fin des Jeux. Sans oublier de rappeler que je fus mis à pied auparavant, sous son «régne» sur l’information, et que ses sbires m’ont empêché d’accéder à la maison de la radio durant près de 3 mois. Parce que j’ai osé critiquer un sous-directeur ayant tourné lui aussi sa veste en 87 après avoir applaudi Bourguiba pendant des décennies, nous imposant tous les soirs, sur la seule chaîne TV à l’époque, les ‘‘Tawjihet erraïs’’ (Les Recommandations du président)!

Une envie de vomir
Je ne vais pas pleurer sur le sort du «paratonnerre pour Ben Ali dans ses relations avec les médias», sur son «arrestation arbitraire, l'humiliation publique subie au sein même du Palais de la justice…». Je passe sur le reste de la missive car, à la relire, le dégoût augmentait et j’avais parfois une envie de vomir tellement le «mensonge est gros» ou alors l’hypocrisie des Abdallah y est flagrante. Je n’irai pas jusqu’à citer Maman Alya, qui a fait de la Banque de Tunisie [dont elle était la Pdg jusqu’au 14 janvier, ndlr] son royaume! J’espère que la justice s’y intéressera. Mais là c’est un autre sujet.
Je ne suis pas rancunier (il n’y a pas de quoi) mais je ne vais pas pleurer sur une maison pillée et le sort d’un «manipulateur» qui a su camper son rôle jusqu’à la fin. Je suis certain que la corporation des journalistes et communicateurs est d’accord avec moi. Même ceux qui ont bénéficié des largesses de AA et qui sont devenus aujourd’hui, comme par miracle, ses plus virulents pourfendeurs.

* Communicateur et animateur à Rtci.