Jeunes, dynamiques, ambitieux et un peu rebelles, les jeunes ingénieurs tunisiens s’unissent… en dehors de l’Ordre des ingénieurs tunisiens (Oit), qui faisait office d’antichambre du Rcd, l’ancien parti au pouvoir dissous.


Le nouveau-né, le Syndicat national des ingénieurs tunisiens (Syndit) a présenté samedi ses «lettres de créance» à l’opinion publique. Il était clair que ce Syndicat est le produit de la révolution du 14-Janvier et des événements qui l’ont précédée et suivie.
S’adressant pour la première fois (peut-être dans leur vie) aux journalistes, en présence de dizaines de leurs collègues, les membres du comité exécutif provisoire du Syndit ont relaté l’épineux processus qui a mené à la création de leur structure.
Une structure qui œuvrera, selon son secrétaire général Abdelhafidh Zeribi, à défendre les intérêts «aussi bien professionnels que politiques et sociaux» des ingénieurs, quelle que soit leur spécialité.
C’est que ce jeune syndicat se veut aussi et également une association «citoyenne, militante, consciente des réalités et des défis du pays et concernée par tous les débats qui mobilisent les différentes composantes de la société tunisienne».

Rupture avec le monopole de l’Oit
Pour les membres fondateurs du Syndit, l’Ordre des ingénieurs tunisiens (Oit) «n’a jamais défendu les ingénieurs». «Agissant quasiment sous la tutelle des différents régimes qui ont gouverné la Tunisie depuis l’indépendance, affirment-ils, l’Oit a toujours été proche du pouvoir au détriment d’une grande partie d’ingénieurs lésés voire opprimés». D’où, ajoutent-ils, le besoin urgent d’un syndicat au vrai sens du terme pour les ingénieurs, notamment débutants, en chômage ou même achevant leurs études. Le Syndit accueillera en effet aussi dans ses rangs les élèves-ingénieurs.



La rupture avec l’Oit et avec le cumul du passé dans le secteur étaient clairement sentie. La totalité des présents et présentes dans la salle où le syndicat a tenu sa conférence de presse ne dépassaient pas leur trentaine d’âge. Et l’Oit clairement absent. Une absence qui en dit long de la gêne qu’éprouvent aujourd’hui ses dirigeants. A méditer!

Les carences du métier
L’ingénieur tunisien a un grand rôle à jouer dans la construction de la Tunisie de l’après-Ben Ali, pense cette génération d’ingénieurs. «Un rôle primordial même, puisque l’ingénieur est un acteur incontournable dans le développement et la construction du pays».
Mais ce rôle de levier et de leitmotiv ne peut être assumé qu’en garantissant à l’ingénieur un minimum de «conditions de réussite ».
Revoir le système de la formation et de la recherche, attirer les compétences tunisiennes à l’étranger, faire face au chômage des ingénieurs seront, à cet égard, le cheval de bataille du syndicat.
Chronique d’une naissance douloureuse
La constitution du Syndit est le fruit d’un débat de douce haleine qui a réuni 300 à 400 jeunes ingénieurs tunisiens à travers les réseaux sociaux sur Internet et des rencontres spontanées.
Ça a commencé en février dernier quand un groupe d’ingénieur ont lancé l’idée de la création de leur propre syndicat.
Le 5 mars, l’assemblée constituante a élu le comité exécutif provisoire. La demande de licence est déposée au ministère de l’Intérieur le 11 mars.
Le 23 mars, le comité provisoire obtient la licence légale et s’installe dans ses locaux.
Le 17 avril dernier, le comité exécutif a commencé à désigner les représentants régionaux du Syndit.
Les candidatures pour le congrès constituant se feront entre les mois de juillet et août prochains et le premier congrès du Syndit aura lieu en septembre.
En vue de ce congrès, le comité constituant appelle les ingénieurs tunisiens à «assumer leur entière responsabilité» dans la mise en place des meilleures procédures d’élection, l’élaboration des statuts et des cadres légaux et déontologiques du métier, dans la promotion du rayonnement du syndicat et dans la communication avec la base des ingénieurs dans toutes les régions de la Tunisie.

Mourad Teyeb