S’ils veulent reprendre leur place dans le paysage politique tunisien, les partis islamistes doivent appeler leurs militants à l’ordre, afin qu’ils cessent leurs atteintes quotidiennes aux droits des Tunisiens et, surtout, des Tunisiennes.
Depuis quelques semaines, les abus d’éléments se réclamant des mouvements islamistes, qu’il s’agisse d’Ennahdha ou du Hizb Ettahrir, à l’idéologie plus radicale, se multiplient et prennent des formes diverses, qui vont des agressions verbales en direction des femmes aux rituels de prière en pleine rue, jusqu’aux agressions physiques à l’encontre de leurs adversaires politiques et à l’occupation tapageuse des espaces publics.
Le silence des dirigeants des partis islamistes, et notamment ceux d’Ennahdha, face à ces dépassements qui deviennent insupportables, et surtout leur peu d’empressement à les dénoncer de manière claire et sans ambiguïté, ont poussé la Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh) a monter au créneau pour dénoncer, dans un communiqué publié lundi, les «agressions répétées» mettant en cause les croyances et les opinions des personnes et des groupes «en adoptant un discours religieux».
Même si l’organisation de défense des droits de l’homme s’est gardée de nommer les partis dont des éléments incontrôlables sont les auteurs de ces «agressions», il ne fait aucun doute que ce sont les formations islamistes qui sont ciblées par ce communiqué.
La Ltdh a d’ailleurs dénoncé les «campagnes accusant des personnes d’apostasie (…) menées par certains courants religieux». Elle a aussi attiré l’attention sur la multiplication des agressions verbales dégradantes et fréquentes à l’encontre de femmes pour leurs opinions ou leurs habits ainsi que les violences physiques perpétrées ciblant des artistes, comme ce fut le cas pour le cinéaste Nouri Bouzid.
La Ltdh a mis également en garde contre les tentatives d’instrumentalisation de l’espace éducatif «pour imposer l’accomplissement des rites religieux ou apostasier des éducateurs», dit-elle, tout en critiquant l’utilisation, «à des fins politiques», des mosquées «supposées être des lieux de prière», selon les termes de la Ltdh.
Face à cette interpellation publique, les dirigeants islamistes seraient bien inspirés de prendre les devants en mettant de l’ordre parmi leurs troupes et en marginalisant les éléments incontrôlables qui risquent, par leurs comportements extrémistes, à porter gravement atteinte à leur image et à leur crédibilité.
Z. A.