Quand les baathistes tunisiens parlent de liberté et de démocratie, il faut faire un effort pour les croire, au moment où, en Syrie, le régime baathiste fait tirer à balles réelles sur des manifestants réclamant… la liberté et la démocratie.


Comment peut-on être baathiste en Tunisie, après la déroute du régime baathiste de Saddam Hussein en Irak et la dérive sanguinaire du régime baathiste des Assad, père et fils, en Syrie?

 

Un mouvement avant-gardiste et moderniste?
Baathiste de la première (et de la dernière) heure, Boujemaa Dendani, membre du comité exécutif du mouvement Baath tunisien, ne se pose pas cette question. Présidant une manifestation politique et culturelle organisée, samedi, par son mouvement, à l’espace Bir Belhassen, à l’Ariana, M. Dendani a présenté les principales orientations idéologiques et principes d’action du mouvement Baath en Tunisie, «un mouvement avant-gardiste et moderniste qui, selon ses termes, appelle à la liberté et à la justice sociale et qui s’est fixé pour objectifs majeurs la préservation de l’identité arabo-musulmane et la défense des libertés y compris la liberté de conscience et le pluralisme politique.»
M. Dendani a affirmé que le mouvement s’attache, dans le cadre de la poursuite de son combat contre l’injustice après la chute du régime de Ben Ali, à demander des comptes à toutes les personnes impliquées dans la corruption y compris ceux de l’opposition, réaffirmant la nécessité d’assainir le climat politique et social afin que la révolution tunisienne parvienne à atteindre ses objectifs dans l’édification d’un nouveau modèle sociétal, fondé sur la justice, la dignité et la démocratie.

En attendant des actes concrets?
Au cours de cette manifestation, qui a été ponctuée d’intermèdes musicaux et poétiques, des communications ont été présentées sur le rôle des partis dans l’édification de la démocratie et sur la mission de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, ainsi que sur la situation constitutionnelle actuelle.


Manifestation à Deraa contre le régime baathiste des Assad

Les mots «liberté» et «démocratie» étaient, samedi, sur toutes les bouches, prononcés sous diverses acceptations, comme des leitmotivs incantatoires. Sauf à désespérer de l’aptitude des hommes en général et des hommes politiques en particulier à évoluer, on est tenu de croire à la profession de foi libertaire et démocratique des baathistes tunisiens. En attendant des actes concrets qui l’attestent. Par exemple une condamnation claire et sans nuance des massacres commis par le régime baathiste syrien au dépens des protestataires qui exigent, justement, plus de liberté et de démocratie.
Peut-on sérieusement reprocher le silence des Baathistes tunisiens à ce sujet, quand les innombrables autres partis que compte la Tunisie, toutes obédiences confondues, observent le même silence face à la tragédie du peuple syrien?

Imed Bahri