Les forces de Tripoli ont tiré des obus sur la ville tunisienne, située à environ 200 km au sud de Ras Jdir, principal point de passage entre la Libye et la Tunisie, endommageant des bâtiments et faisant au moins un blessé. Un de leur véhicule a poursuivi dans la ville un groupe d’insurgés hostiles au régime du colonel Mouammar Kadhafi.
La confusion des combats
Selon l’envoyée spéciale du ‘‘Monde’’ sur place, le dispensaire de la ville doit s’organiser pour accueillir les blessés des deux camps. Et des cadavres de soldats et d’insurgés libyens jonchaient le sol, ajoute-t-elle, citant des habitants.
Les troupes kadhafiste traquent les rebelles de la région principalement berbère des montagnes occidentales au sud-ouest de Tripoli qui ont pris part à la rébellion contre le régime et ont fui par milliers ces derniers jours vers la Tunisie via le poste de Dehiba.
Le poste était aux mains des rebelles ces derniers jours mais les forces régulières de Tripoli en ont repris un moment le contrôle avant que les rebelles disent s’en être à nouveau emparés.
Les affrontements pour le contrôle du poste de Dehiba, et pour celui de Wazin, côté libyen, illustrent la fluidité et la confusion des combats entre les deux camps, qui ont éclaté à la mi-février.
Certains militaires de Kadhafi ont été tués et blessés dans les combats à Dehiba. L’artillerie libyenne a tiré sur la ville à partir du territoire libyen, blessant au moins une tunisienne, a rapporté un habitant.
L’armée tunisienne reprend le contrôle la région
Les tirs ont ensuite cessé et l’armée tunisienne ratisse la ville. «Nous n’avons aucune idée du sort des forces de Kadhafi parce que l’armée tunisienne a fermé les grilles de la ville et personne ne peut y pénétrer», a ajouté, à l’agence Reuters, un habitant contacté par téléphone.
Jeudi soir, le gouvernement tunisien a publié un communiqué condamnant les incursions des forces libyennes à la suite de la chute d’obus dans le désert du côté tunisien. Le ministère tunisien des Affaires étrangères, Mouldi Kéfi, «considère les tirs en direction d’une zone peuplée sur le territoire tunisien comme une violation de l’intégrité du territoire tunisien et une atteinte à la sécurité des habitants de cette région». Tunis a demandé à Tripoli de prendre «des mesures immédiates» pour mettre fin aux violations territoriales et d’éviter de mettre en danger les populations tunisiennes. Le contingent de l’armée tunisienne, déjà présent, a été renforcé dans la région. Des gardes nationaux supplémentaires ainsi que des véhicules blindés ont été déployés.
Mais, vendredi, c’était la première fois que des troupes terrestres libyennes avaient franchi la frontière pour pénétrer dans une ville tunisienne. Des habitants rapportent qu’ils s’étaient rassemblés pour tenter d’empêcher les soldats libyens d’entrer en ville mais des militaires tunisiens ont tiré en l’air pour qu’il ses dispersent et se mettent à l’abri chez eux.
Les troupes de Kadhafi sont revenues à l’intérieur des frontières libyennes et celles tunisiennes sont en train de ratisser les régions frontalières. Un calme précaire est revenu, mais les populations appréhendent de nouveaux combats pour le contrôle de cette région devenue stratégiques pour les deux belligérants.
Kapitalis (avec agences).