Pour Melanne Verveer, ambassadrice itinérante américaine chargée des conditions de la femme dans le monde, un passage dans la Tunisie postrévolutionnaire s’imposait.

On ne le répétera jamais assez: la femme est l’avenir de l’homme. C’est en tout cas visiblement la conviction de la défenseuse américaine du droit des femmes, Melanne Verveer, en visite à Tunis du 2 au 6 mai.
Ambassadrice itinérante et directrice du nouveau bureau du Département d’Etat américain chargé des questions relatives aux femmes dans le monde, Melanne Verveer est aussi une femme de terrain, puisqu’elle est l’une des fondatrices et co-directrice de Vital Voices Global Partnership, une Ong au programme ambitieux: promouvoir au travers des femmes la croissance économique, le progrès social, la démocratie et la paix dans le monde.

Les femmes dans les révolutions arabes
Pendant quatre jours, Melanne Verveer a rencontré des responsables politiques, des acteurs économiques, des représentants de la société civile, des Ong et des médias. Avec un objectif: plaider encore et toujours la cause des femmes, les appeler à agir, et rappeler le rôle qu’elles ont joué dans les révolutions arabes, preuve s’il en fallait de leur capacité à s’engager dans la vie politique. Représentant la moitié de l’humanité, les femmes peuvent et doivent peser sur l’ensemble des décisions relatives aux questions politiques, économiques et sociales. D’autant plus en Tunisie, où elles font figure de modèles et où elles se distinguent par leur haut niveau d’éducation, leur intégration dans la vie publique et leur dynamisme.


Melanne Verveer et l'ambassadeur des Etats-Unis Gordon Gray.

A quelques semaines d’un vote déterminant pour la Tunisie, Melanne Verveer exhorte les femmes, au même titre que les hommes, à s’engager en politique, y compris en première ligne. Chacun, quel que soit son sexe, doit s’interroger sur le pays qu’il veut voir naître, puis se battre pour l’obtenir. D’autant plus dans cette phase critique où la Tunisie va rédiger une toute nouvelle constitution et définir son avenir.
Pour faire les bons choix, les femmes comme les hommes ont le devoir de s’informer, de comprendre le déroulement des élections et leurs enjeux, et d’exercer leurs droits civiques: voter, voter et encore voter… même si c’est pour beaucoup pour la première fois! En n’oubliant pas que rien n’est jamais acquis.

Les femmes, actrices de la croissance économique
Sur le plan économique, Melanne Verveer a mis l’accent sur le soutien de la micro-entreprise, par le biais de micro-crédits et d’une assistance technique ciblée, notamment dans le secteur agricole où les femmes sont nettement majoritaires. Elle a aussi constaté l’immense travail réalisé par les acteurs de la société civile dans la région et a pointé l’importance des réseaux de chefs d’entreprises et d’associations, chacun pouvant profiter de l’expérience des autres. Elle a enfin évoqué le Mena  Businesswomen’s network, un réseau de femmes d’affaires dans la région Mena créé en 2005 par Vital Voices. Six ans plus tard, ce réseau qui compte 2.500 membres, a permis la création de 500 micro-entreprises, et a formé près de 20.000 entrepreneurs, dont une majorité de femmes.
Pour finir, Melanne Verveer a parlé de l’importance de s’attaquer à long terme à tous les problèmes rencontrés par les femmes dans le monde, dont le principal fléau: la violence de genre. Dans tous les programmes à visée politique, économique et sociale, l’accent est mis sur les jeunes femmes, qui sont les plus à même de changer et d’agir en faveur du progrès sous toutes ses formes. Ajoutons que pour atteindre ses objectifs, Vital Voices a créé ce mercredi 5 mai un fonds spécial destiné à financer de plus en plus de projets et visant à former des milliers de femmes au cours des cinq prochaines années. Parce que les femmes sont l’avenir du monde… et parce qu’elles le valent bien!

Emmanuelle Houerbi