Cela n’a pas tardé puisque le premier le président de la République par intérim, Foued Mebazaa, a décidé samedi de mettre fin aux fonctions de Farhat Rajhi à la tête du Haut comité des droits de l’homme et des libertés fondamentales (Hcdhlf).
Même si aucune autre explication officielle n’a été avancée par l’agence officielle Tap, qui a publié l’information, l’homme par qui le scandale arrive regrettera sans doute longtemps l’interview qu’il a donnée, «à l’insu de son plein gré», à deux jeunes journalistes, et dont le contenu lui a valu une véritable levée de bouclier. Et pour cause: il a trop parlé, sans en dire suffisamment, à propos du «gouvernement de l’ombre» et du projet de «coup d’Etat de l’armée».
Hier déjà, le conseil du gouvernement, réuni au Palais du gouvernement à la Kasbah, «a fait part de son étonnement des déclarations infondées de l’ancien ministre de l’Intérieur et qui sont de nature à alimenter les suspicions et les doutes, à provoquer les sensibilités régionalistes et à porter atteinte à l’institution militaire qui bénéficie de la confiance du peuple, pour son rôle dans la protection du pays, des citoyens et du régime républicain», selon le communiqué lu par son parole Taïeb Baccouche.
Alors que des centaines de manifestants pro-Rajhi protestaient hier au centre-ville de Tunis contre le gouvernement provisoire, avant d’être violemment dispersés par la police, le ministère de la Défense nationale a rendu public un communiqué où il menace M. Rajhi de poursuites judiciaires.
Rejetant les graves accusations de l’ancien ministre de l’Intérieur contre l’armée tunisienne, ciblant, tout particulièrement, l’un de ses membres en la personne du général de corps d’armée, chef d’Etat-major des armées et chef d’Etat major de l’armée de terre, Rachid Ammar, le ministère de la Défense nationale a, en effet, indiqué que les «propos tendancieux» de l’ancien responsable «ne doivent nullement être pris à la légère et qu’ils représentent un danger d’une extrême gravité pour la révolution du peuple tunisien et pour la sécurité du pays, au présent et à l’avenir». Ces déclarations préméditées, ajoute le communiqué, «nécessitent un examen approfondi de leurs sous-entendus et visées», une action qui relève uniquement de la compétence de la justice qui prendra son cours normal dans le cadre de son indépendance totale, «afin que l’on puisse distinguer le vrai du faux et qu’aucune partie ne puisse se jouer, à l’avenir, de la sécurité du pays ou contourner les principes de la glorieuse révolution».
Le limogeage de M. Rajhi serait-il un prélude à des poursuites judiciaires à son encontre ? Wait and see…
Imed Bahri
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