Le Premier ministre du gouvernement provisoire va s’adresser ce soir aux Tunisiens sur les trois chaînes de télévision. Qu’a-t-il à leur dire? Que va-t-il nous dire? Par Ridha Kéfi


Dans la nuit du samedi à dimanche, et malgré le couvre-feu – annoncé au télé-journal de 20 heures, une heure avant son entrée en vigueur –, des bandes organisées ont continué de sévir un peu partout dans le grand Tunis. On a enregistré des vols de voitures, des saccages de lycées – à quelques jours du bac blanc et à la veille des examens de fin d’année –, des incendies de postes de polices, etc. Dans plusieurs quartiers, des bruits de rafales ont aussi été entendus durant la nuit.
Cette situation suscite de nombreuses interrogations: à quoi aurait servi le couvre-feu si des bandes organisées ont pu agir impunément un peu partout dans le Grand Tunis? Où sont passées les forces de l’ordre, la police, la garde nationale et l’armée, censées faire respecter le couvre-feu? Les voitures volées ont dû circuler en ville avant de se retrouver dans une quelconque cache, pourquoi n’en a-t-on interceptées aucune? La capitale a-t-elle été livrée aux voleurs, aux pilleurs et aux incendiaires? Et, dans ce cas, pour quel dessein? Qui sont ces malfaiteurs qui agissent dans l’impunité totale ? Qui leur a donné des instructions ou un feu vert pour commettre leurs forfaits ? Pour le compte de quels groupes ou lobbies agissent-ils?
C’est à ces questions que le Premier ministre doit répondre ce soir, sinon il aurait du mal à convaincre les Tunisiens que tout va bien, que la situation est sous contrôle, qu’il n’y a pas de gouvernement de l’ombre et que les Tunisiens, qui ont fait la révolution du 14 janvier, n’ont pas à craindre d’une contre-révolution dont ils voient pourtant des signes avant-coureurs.
Bref, le Premier ministre doit démentir, de manière irréfutable, les déclarations que Farhat Rajhi, l’ancien ministre de l’Intérieur, a faites mercredi dernier dans une interview sur Facebook. Déclarations qui avaient confirmé les rumeurs, les appréhensions et les soupçons des Tunisiens, craignant à juste titre une confiscation de leur révolution par les ex-Rcdistes et les sbires de Ben Ali, dont beaucoup sont toujours en service dans les rouages de l’Etat.