Evoquant, jeudi, la situation des Tunisiens arrivés récemment en France, via l’Italie, le Premier ministre français, François Fillon, a jugé qu’il n’y a «plus aucune raison d’accorder l’asile politique à des Tunisiens».


Dans un communiqué publié aujourd’hui, l’association France Terre d’Asile revient sur cette «drôle de formule» où elle débusque une volonté de… désinformation de la part du numéro 2 de l’exécutif français.
«Parmi l’ensemble des Tunisiens rencontrés ces dernières semaines, seuls deux d’entre eux ont formulé une demande d’asile et, à notre connaissance, aucune association n’a revendiqué l’application générale du droit d’asile pour ces personnes», note l’association. Elle ajoute: «Le gouvernement [français] intensifie la présence policière sur le terrain et procède à de nombreuses arrestations. Des reconduites à la frontière italienne ont lieu qui ne règlent évidemment rien. La plupart des personnes mises en garde à vue sont libérées, (…) et restent, en dépit des efforts déployés par quelques municipalités, bien souvent à la rue».
France Terre d'Asile renouvelle son appel, lancé il y a quelques jours, qui a recueilli plus de 10.000 signatures, et qui rassemble aujourd’hui associations (Emmaüs, Armée du salut, Fnars, Fondation Abbé Pierre…), confédérations syndicales (Fsu, Unsa, Cgt, Cfdt…), formations politiques (PS, Parti de gauche, Europe Écologie, Les Verts, Parti communiste…), des personnalités politiques (Etienne Pinte, Dominique Versini…) et de la société civile (Stéphane Hessel, Serge Moati, Atiq Rahimi…).
Elle demande aussi que le gouvernement français:
«- cesse les interventions policières sur les lieux de rassemblement des Tunisiens: ces interventions sont discriminatoires, agressives et inutiles;
«- propose un dispositif d’accueil temporaire;
«- mette en place un dispositif spécifique d’aide au retour volontaire pour les Tunisiens qui souhaitent retourner dans leur pays: cette mesure permettrait d’organiser des retours de manière digne et humaine à un coût qui ne serait pas plus élevé que le coût de la politique actuelle;
- considère la situation des Tunisiens qui pourraient entrer dans des dispositifs d’accès au séjour ou de formation professionnelle, notamment dans le cadre des accords migratoires franco-tunisiens ;
«- contribue, y compris dans le cadre européen, à une aide significative au développement économique et social de la nouvelle démocratie tunisienne ;
«- encourage la solidarité européenne en matière d’accueil des migrants.»