L’ex-ministre de l’Intérieur avait suscité une forte polémique suite à ses déclarations, diffusées sur Facebook, attribuant à l’armée nationale un projet de putsch en cas de victoire du parti islamiste Ennahdha à l’élection de l’Assemblée constituante, le 24 juillet prochain. Il avait aussi laissé entendre que le général Ammar s’est rendu fin avril au Qatar pour y rencontrer… le président déchu et affirmé qu’il y a un «gouvernement de l’ombre», chapeauté par l’homme d’affaires Kamel Eltaief, ancien ami de Ben Ali tombé en disgrâce en 1992, et qui serait au service du lobby des «gens du Sahel», la région de Sousse, fief du pouvoir politique en Tunisie.
Suppositions et conclusions personnelles
Ces déclarations ont suscité une vive émotion dans l’opinion publique, qui craint le retour des éléments de l’ancien régime et déplore la lenteur des procès contre les figures de ce régime. Elles ont aussi déclenché des manifestations les 6 et 7 mai à Tunis et des affrontements entre la police et les manifestants.
Dans une lettre, dont une copie est parvenue à l’agence Tap, M. Rajhi a affirmé que ses déclarations «ne sont que des suppositions et des conclusions personnelles», soulignant qu’il a été victime d’une «manœuvre visant la stabilité de la Tunisie et à porter atteinte à l’armée nationale».
Il a présenté, dans la même lettre, ses excuses à l’armée nationale et ses hauts officiers pour «le préjudice que les manœuvres et interprétations tendancieuses leur ont causé». «Je n’ai jamais eu l’intention de nuire à un corps national qui veille à la protection du peuple, du pays et de la nation et contribue largement à la sécurité qui prévaut actuellement en Tunisie, tant à l’intérieur du pays qu’au niveau des frontières nationales», a-t-il affirmé.
Respect et considération au général Rachid Ammar
M. Rajhi a exprimé, à ce propos, ses sentiments de respect et de considération au général Rachid Ammar, mettant en exergue le rôle patriotique que ce dernier a joué dans les moments les plus ténébreux de la révolution.
A la suite de ces excuses publiques, le ministère de la Défense va-t-il surseoir aux poursuites judiciaires dont il a menacé l’ancien ministre de l’Intérieur? D’autant que les membres de l’Association des magistrats tunisiens (Amt) s’opposent avec force à la levée de l’immunité judiciaire de M. Rajhi qui est un magistrat très respecté par ses pairs…
M. Rajhi a appelé, par ailleurs, le peuple tunisien, notamment la jeunesse, au calme et au retour aux études et au travail pour l’édification de la Tunisie nouvelle et la relance de son économie afin d’assurer la réussite du processus démocratique. «Il importe, également, de consacrer les libertés, de favoriser l’investissement, de créer des postes d’emploi et d’éradiquer les poches de pauvreté», a souligné M. Rajhi.
Imed B. (avec Tap)