Le gouvernement provisoire a menacé mardi soir de saisir l’Onu, après de nouvelles chutes d’obus libyens près du poste-frontalier de Dehiba, dans l’extrême-sud du pays.


Selon une source autorisée au ministère des Affaires étrangères, citée par l’agence Tap, «le gouvernement tunisien a chargé son ambassadeur, présent à Tripoli, de transmettre ses fortes protestations aux autorités libyennes et de les prévenir que la poursuite de ces violations dangereuses commises par les forces libyennes aura des impacts très négatifs sur les relations entre les deux pays». Ces violations «pourraient pousser le gouvernement tunisien à prendre des mesures strictes pour protéger son territoire et ses citoyens, et pour garantir la sécurité des réfugiés sur son territoire, en saisissant, entre autres, le secrétaire général de l’Onu».

 

Intensification des combats entre insurgés et forces de Kadhafi
Une vingtaine d’obus sont tombés mardi sur le territoire tunisien lors d’une reprise des affrontements entre troupes loyales à Kadhafi et rebelles en Libye près du poste-frontalier de Dehiba, avait auparavant indiqué un responsable de l’Ong du Croissant-Rouge.
Plus de 2.000 Libyens, essentiellement des femmes et des enfants, ont trouvé refuge dans cette ville de 5.000 habitants. La poursuite des détonations et de la chute des obus laissent craindre l’intensification des combats entre insurgés et forces fidèles à Mouammar Kadhafi pour le contrôle du poste frontière tout proche.
La sécurité, dont on parle souvent à Dehiba, est relative. Depuis le 21 avril, les pro-Kadhafi ont tenté plusieurs fois de reprendre le contrôle du poste frontière. Le 29 avril, des combats entre les belligérants à l’arme légère se sont déroulés jusqu’à l’entrée de la ville tunisienne. Les pro-Kadhafi ont alors été repoussés par l’armée tunisienne.
L’armée tunisienne a renforcé depuis le début mai sa présence dans le secteur. Des véhicules militaires patrouillent en permanence le long de la frontière, tandis que des hélicoptères de l’armée faisaient des rondes au-dessus de la zone.  Samedi, les militaires tunisiens ont repoussé plus de 200 combattants pro-Kadhafi, qui tentaient de pénétrer dans le territoire national pour reprendre le poste frontière de Dehiba depuis la Tunisie et essayer d’encercler les rebelles.

Chokri Ghanem lâche Kadhafi
Sur un autre plan, le camp Kadhafi a enregistré mardi une nouvelle défection de taille, celle du ministre du Pétrole et président de la compagnie pétrolière libyenne (NOC, National Oil Co.), Chokri Ghanem, qui a quitté le pays pour se rendre en Tunisie, selon un responsable des services de sécurité tunisiens et d’une source proche du gouvernement. Il s’agit d’une des plus hautes personnalités à abandonner le maître de Tripoli. Le dirigeant libyen est descendu au Royal Garden de Djerba, selon un responsable des services de sécurité libyens qui a requis l’anonymat, et une source à l’hôtel. Les membres de sa famille se trouvent encore à Tripoli.
Parmi les autres personnalités libyennes à avoir fait défection, figurent le chef de la diplomatie Moussa Koussa – partisan de la première heure du Guide libyen –, le ministre de l’Intérieur Abdel-Fatah Younes, qui dirige les opérations des insurgés, le ministre de la Justice Moustapha Abdul-Jalil, et Ali Abdessalam Treki, ancien président de l’Assemblée générale de l’Onu, Abdel Moneim al-Houni, un ancien représentant de la Libye à la Ligue arabe. Plusieurs ambassadeurs et autres diplomates ont également démissionné de leurs postes.
Parallèlement, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr) a réaffirmé que les autorités libyennes semblaient encourager les migrants africains à embarquer à bord de bateaux à destination de l’Europe.
Melissa Fleming, porte-parole du Hcr, a déclaré aux journalistes que le conflit libyen avait ouvert une route pour les migrants qui était fermée depuis deux ans en raison d’un accord entre la Libye et l’Italie.
Quelque 14.000 personnes – originaires pour la plupart d’Afrique subsaharienne – sont déjà parties de Libye pour gagner l’Europe, et des milliers d’autres pourraient les suivre dans les semaines à venir à la faveur d'une amélioration des conditions météorologiques en Méditerranée.

Source: agences.