Peu de temps avant sa mort, le chef du réseau terroriste Al-Qaïda Oussama Ben Laden a saisi la portée historique des révolutions arabes déclenchées en Tunisie. Mais il n’en a pas saisi la portée profonde…

Dans un message posthume diffusé mercredi sur le site jihadiste Assahab, le chef du réseau terroriste d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden fait la part belle à «la révolution tunisienne», qui a, selon ses termes, «éclairé la voie à la oumma (nation musulmane, ndlr)» et «rehaussé les valeurs de liberté, de dignité, d’audace et de courage.»

La lumière déclenchée par les hommes libres de Tunisie
«Les vents du changement ont soufflé, portés par un désir d’émancipation, et la Tunisie a eu le privilège d’avoir déclenché le mouvement. A la vitesse de l’éclair, les chevaliers d’Al-Kinana [l’Egypte, ndlr] se sont saisis de la lumière déclenchée par les hommes libres de Tunisie pour en illuminer la place Tahrir [au Caire, ndlr]», a ajouté le chef d’Al-Qaïda.
Les révolutions en Tunisie et en Egypte sont, pour les musulmans, «une rare opportunité historique» pour se soulever, a expliqué Ben Laden, qui a recommandé la mise en place d’un conseil chargé de donner des recommandations aux révolutionnaires et de décider du meilleur moment pour répandre la révolte dans le monde musulman.
«Il y a une grande et rare opportunité historique de se soulever avec l’oumma (la communauté islamique) et de vous libérer de la servitude décidée par les dirigeants, de la loi des hommes et de la domination occidentale», a dit Ben Laden. Ce serait «un grand pêché et immense ignorance de gâcher cette opportunité que l’oumma attend depuis des décennies», a-t-il estimé. Et d’appeler les peuples arabes à «profiter de cet avantage pour détruire les idoles et établir la justice et la foi».
Le message de Bel Laden aurait, selon Al-Qaïda, été enregistré une semaine avant son assassinat, le 1er mai, par un commando américain, dans son exil au Pakistan. Il dure 12 mn 37.

Ben Laden s’est fourvoyé jusqu’au bout
Ce message requiert de notre part ce commentaire. Oussama Ben Laden s’est fourvoyé jusqu’au bout dans un délire de rédemption d’autant aussi inefficace que destructeur. Il ne semble pas avoir saisi le sens profond des révolutions arabes déclenchées en Tunisie. Ces révolutions pacifiques, qui renvoient les dirigeants d’Al-Qaïda à leurs chimères jihadistes, n’ont pas balayé seulement les despotes ; elles ont balayé aussi tous les mouvements extrémistes dans la région, dont le recours au terrorisme et à la violence contre les civils n’a fait jusque là que renforcer les despotes qu’il prétend combattre.
De ce point de vue, l’étincelle déclenchée le 17 décembre 010 à Sidi Bouzid, en Tunisie, et qui éclaire aujourd’hui le reste du monde arabo-musulman, selon les mots de Ben Lade, annonce en réalité la fin d’Al-Qaïda. L’histoire en cours en apportera bientôt la preuve…

R. K.