«La doctrine d’Ettakatol c’est la fidélité à la révolution et la construction de l’avenir», a souligné Mustapha Ben Jaâfar, dimanche, lors d’une conférence de presse à El Menzah (Tunis).


Entre les deux séances de la journée du conseil national du Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl), une petite heure a été consacrée aux médias. Sinon, le reste de la journée était pour discuter avec tous les membres du parti venus de toutes les régions sur, notamment, les assises, les orientations, la stratégie de la campagne électorale, la stratégie d’alliance et le ralliement de certaines personnalités de la société civile. Il s’agit aussi de mettre les dernières touches au programme avant de le présenter au grand public dans moins de deux semaines. Il était temps! Surtout que dans l’arène, quelques partis ont déjà présenté le leur et entamé leur campagne électorale (et même publicitaire) tentant de marquer des points et de devancer le peloton avant le coup du sifflet.

Attention au retour des méthodes de Ben Ali
Interrogé sur la rumeur colportée sur Twitter et Facebook concernant la fusion d’Ettakatol avec Ettajdid, M. Ben Jaâfar ne s’est pas montré totalement contre. Avec une certaine réserve, il a expliqué que les chances d’une telle fusion sont minimes. «Faire une alliance avec des partis amis exige du temps. Car, il faut se mettre d’accord sur les divergences avant d’élaborer un programme commun. Il ne nous reste que deux semaines, c’est peu. Ce n’est pas possible pour le moment», a-t-il dit. Peut-être que le report de l’élection de l’assemblée constituante du 24 juillet au 17 octobre, annoncée dimanche après-midi par la Haute instance indépendante pour les élections, pourrait changer la donne et inciter les deux partis à revoir leurs stratégies.


Le programme d'Ettakatol en cours de finalisation.

En ce qui concerne le financement des partis – problème que pose le déploiement de gros moyens financiers par certains partis hier encore «pauvres» –, M. Ben Jaâfar a déclaré: «Nous avons exprimé notre crainte face à ces partis qui ne respectent pas les délais de démarrage de la campagne électorale. Ces pratiques nous renvoient à l’époque de la dictature. Nous demandons à tous ces dirigeants politiques de se retenir, de respecter les conditions de l’exercice démocratique et ne pas profiter du vide pour se lancer dans une campagne avant la date officielle». Et d’ajouter: «Je ne vous cache pas que ces derniers temps, nous sommes en train d’assister à des choses bizarres. C’est un peu le style Ben Ali qui revient», a-t-il dit, navré. Sans désigner les partis (ou les parties) qui ont commis les dépassements qu’il déplore. Fait-il allusion au Parti démocratique progressiste (Pdp), qui a lancé une campagne publicitaire dans les médias?    
M. Ben Jaâfar a précisé qu’il va soulever cette question auprès des autorités concernées, afin que tout le monde soit logé à la même enseigne. «Il faut mettre des critères précises pour le financement et pour la date de début et de fin de la campagne. Et que tous les partis sans exception les respectent», a dit M. Ben Jaâfar, qui estime que les dépassements enregistrés menacent la démocratie naissante dans le pays. Surtout que des figures de l’ancien régime ont intégré, d’une manière ou d’une autre, quelques partis et entendent jouer les prolongations. «Si on avait radicalement rompu, dès le 14 janvier, avec les symboles de l’ancien régime, il n’y aurait pas eu de pareils débordements, a-t-il expliqué.
Si la campagne électorale ne se déroule pas dans les meilleures conditions d’impartialité et de transparence, il y aurait des craintes à se faire, a explique le chef du Fdtl, qui a tiré la sonnette d’alarme, en appelant les médias à jouer leur rôle sans parti-pris et à rompre définitivement avec les anciennes pratiques. Pour un retour de la confiance


Mobilisation des troupes
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Malgré les quelques turbulences dans le ciel tunisien, le secrétaire général d’Ettakatol reste serein. «Nous faisons confiance au gouvernement, à la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution et à la Haute instance indépendante pour les élections. Ils doivent tous assumer leur responsabilité et donner une égalité des chances à tous les partis, sans exception», a-t-il expliqué, tout en déplorant le nombre impressionnant des partis qui va poser problème aux électeurs. Comment? Réponse: «Avec mes respects pour tout le monde, je dis que plus de soixante partis, c’est exagéré. Ceci va sûrement perturber le citoyen qui ne saura pas vers qui se tourner». Et d’ajouter que la crédibilité d’un parti: «n’est pas dans les slogans ou la qualité de l’affichage.

Un programme doit être applicable
Le programme d’Ettakatol sera présenté au grand public, sur Internet et sur tous les réseaux sociaux à partir du 1er juin. «Nous sommes en train de nous déplacer dans toutes les régions; nous écoutons tout le monde et j’espère que notre programme sera à la hauteur des attentes des Tunisiens», a dit M. Ben Jaafar.
En ce qui concerne l’avenir de son parti, le chef du Fdtl semble optimiste. Ettakattol a résisté à l’époque de la dictature et va continuer encore à résister. «Il y a encore des difficultés, mais d’un autre genre et nous allons y résister. Car, Ettakatol est un parti sûr de lui. Il a choisi de se positionner au centre, d’œuvrer pour la réconciliation nationale et son seul objectif est d’édifier une Tunisie nouvelle, basée sur la démocratie, la liberté avec le sens de la responsabilité, et, surtout, en rupture totale avec les restes du régime de Ben Ali».
Quid des relations de Ben Jaafar avec la France en particulier et avec l’Occident en général? Le chef d’Ettakatol dit garder de bonnes relations avec toutes les parties qui partagent les idéaux de la démocratie et qui sont généralement des socialistes. Cela ne le dérange pas qu’il y ait des observateurs étrangers pour les prochaines élections? «Cela renforcera la confiance des partenaires étrangers dans le gouvernement qui sera élu par le peuple dans les conditions de transparence totale, et les amènera à mieux coopérer et mieux s’investir dans le pays», a-t-il répondu.

Zohra Abid