Le secrétaire d’Etat auprès du ministre la Jeunesse et aux Sports a confirmé hier à la radio Express FM qu’il démissionnait de son poste. Décision qui n’a étonné personne. Et pour cause.
«Je confirme, j’ai démissionné. Il ne reste plus que les formalités administratives», a-t-il affirmé sur les ondes. «C’était une expérience importante mais fatigante, surtout les critiques constantes», a-t-il déclaré à la radio. Avant de s’indigner du retour de la censure sur internet, son jardin des délices, par allusion à la décision des autorités de fermer quatre sites à la demande de l’armée.
Slim Amamou lors de sa prestation de serment
L’entrée de Slim Amamou (33 ans) dans le premier gouvernement provisoire après Ben Ali était, il est vrai, un simple coup de pub, une manière de gagner les faveurs de la communauté des internautes, des blogueurs et des facebookers qui ont largement contribué au départ du dictateur. Le reste était cousu de fil blanc.
Un cyber-activiste au gouvernement
Le cyber-activiste, qui a été emprisonné du 6 au 13 janvier en pleine «révolution du jasmin», n’avait, il est vrai, rien à faire dans un gouvernement où, dès les premiers jours, il se sentait à l’étroit. Membre du «Parti pirate tunisien», il a donc continué à faire semblant, sans trop se prendre au sérieux, gardant le contact avec sa famille naturelle, qu’il alimentait, presque en direct, en informations croustillantes sur les décisions du gouvernement.
L’homme n’avait décidément pas le profil de l’emploi. Il n’avait rien à faire parmi cette assemblée hétéroclite d’hommes politiques sur le retour et de jeunes technocrates jouant les utilités, et profitant du provisoire pour consolider le durable en garnissant leur carnet d’adresses.
Slim Amamou serrant la main du président par intérim Foued Mebazaa
Même si Slim Amamou, devenu une célébrité mondiale de l’Internet et, accessoirement, une icône de la révolution tunisienne, n’a pas évoqué les raisons exactes de sa démission, on peut aisément les deviner. Car, sauf à continuer à faire l’hypocrite, sa place dans le gouvernement provisoire était devenue presque une incongruité. Une blague, en somme, qui ne l’amusait plus.
L’homme, un peu artiste sur les bords, donc très jaloux de sa liberté, se sentait-il piégé dans une posture qui le condamnait à subir les travers d’une administration dénuée d’imagination et qui continue de fonctionner, dans son écrasante majorité, comme au bon vieux temps de Zaba. Et qui est encore tenue par des apparatchiks résistant au changement, pour ne pas avoir à rendre des comptes et à céder la place aux plus méritants.
Bruits et chuchotements
Slim Amamou a-t-il souffert des pressions des Rcdistes présents à tous les étages de l’administration et qui pullulent aussi dans la sphère de la jeunesse et des sports? A-t-il entendu, lui aussi, les bruits et les chuchotements d’un «gouvernement de l’ombre»? A-t-il entendu des voix comme Farhat Rajhi? On ne le sait pas, mais on le devine.
Ce qui est sûr, en revanche, c’est que l’internaute a senti que ne servait à rien et qu’il n’avait plus rien à donner à un gouvernement qui, du reste, ne lui demandait rien, sauf peut-être de fermer la gueule… ou de démissionner.
Voilà maintenant c’est fait. Au suivant…
Imed Bahri