Pas de doute, les Ong et autres acteurs de la société civile ont le vent en poupe! Créations d’associations, forums, rencontres et débats passionnés se multiplient. Un élan citoyen particulièrement réjouissant.


S’il y avait une leçon à tirer du premier Forum Tuniso-français de la société civile, qui a eu lieu ce weekend à Tunis, c’est sûrement le rôle majeur joué par l’action associative sur la vie de la cité, condition sine qua non d’une démocratie digne de ce nom. Tout le monde peut participer… chacun à son niveau.

Des participants de tous horizons
L’affluence inespérée à ce Forum (plus de 500 personnes) a confirmé la vitalité du sentiment citoyen post-14 janvier. Impossible de donner une image fidèle de la diversité du public présent: des associations, Ong ou fondations, tunisiennes, françaises ou internationales, petites ou grandes, anciennes ou nouvellement créées… avec toutes en commun la volonté d’œuvrer en faveur de l’intérêt général. Etaient présents aussi des intellectuels, des entreprises et des responsables politiques; rien que du beau monde, confirmant s’il en était besoin que la Tunisie est une destination en vogue et que le désir de contribuer au succès de la transition démocratique est bien réel, en Tunisie comme ailleurs.

Il y en a pour tous les goûts
S’il y a une vie à côté de la politique, c’est bien l’action associative. En cette période délicate où bon nombre de Tunisiens se méfient despartis politiques et des syndicats, ce n’estpas un hasard si beaucoup se tournent vers le milieu associatif. Première étape avant de s’engager: se demander ce qu’on voudrait changer dans le pays, s’indigner même parfois comme le préconise le si médiatique Stéphane Hessel et enfin imaginer les moyens d’agir concrètement.
A ce stade, tout naturellement, l’idée d’une association peut germer, et les possibilités sont infinies, puisqu’un tel projet peut viser aussi bien la préservation de l’environnement en général que la sauvegarde d’un site naturel bien précis, concerner les jeunes, les moins jeunes, les handicapés, la défense du droit à l’éducation, à la santé, à l’égalité... A chacun de faire son choix, en fonction de ses compétences et de ses aspirations.

Agir, oui, mais efficacement
Sur les quelques 10.000 associations existant aujourd’hui en Tunisie, combien sont réellement crédibles, indépendantes, auto-suffisantes, capables de réaliser leurs objectifs et de peser sur la vie publique et sur les débats locaux, nationaux et même internationaux?
Alors qu’on ne passe pas du jour au lendemain du statut d’outil au service de l’Etat ou de « hors-la-loi » sans visibilité à un rôle d’aiguillon, de garde-fou et de force de proposition et d’action, combien peuvent se réformer, se moderniser, obtenir les financements nécessaires pour, en fin de compte, relever les défis de l’après-révolution?
Pour réussir cette mutation de la société civile tunisienne, le Forum a fait ressortir l’obligation pour tous les acteurs de partager leurs expériences, leurs compétences et leurs moyens, de s’unir, et de créer des fronts, comme le font de leur côté les partis politiques.

Un forum, et après?
Parce que l’action associative offre une grande souplesse et permet d’agir rapidement sur le terrain, le Forum a déjà permis de définir des projets concrets. S’il est impossible de les citer tous, nous évoqueronspar exemple l’accord entre le collectif tunisien Randet et «France nature environnement», des projets visant à inciter les jeunes à voter lors des prochaines élections (comme un bus citoyen sillonnant la Tunisie ou une action de sensibilisation via le web et les médias sociaux proposée par l’Unesco), la création avec «France volontaires» d’une plateforme tunisienne de volontariat citoyen comme il en existe déjà en Algérie et au Maroc, ou encore un projet de formation des formateurs en éducation à l’environnement.
L’ambassade de France, initiatrice et co-organisatrice du Forum, a d’ailleurs détaillé sur son site les différents projets concrets nés du forum et la liste, aussi exhaustive que possible, des associations présentes. Tout en exprimant sa volonté de mettre en place un comité de suivi, des réunions régulières et de futurs forums, aussi bien en France qu’en Tunisie. Avec, car c’est essentiel, l’appui des pouvoirs publics, des entreprises et de l’ensemble des citoyens et de la société.

Emmanuelle Houerbi