Kamel Jendoubi, qui s’exprimait, jeudi, à Tunis, au cours d’une conférence de presse, a commencé par démentir les rumeurs qui circulent au sujet de sa démission de son poste, précisant que «la question de la démission n’a pas été soulevée ni à l’intérieur ni à l’extérieur de l’instance». Il a également nié l’existence de divisions au sein de l’instance sur la date de la tenue des élections.
Un cadre juridique contraignant
L’instance, a-t-il expliqué, poursuivra sa mission conformément au calendrier établi pour l’organisation d’élections libres et démocratiques, faisant remarquer que ce calendrier a été présenté, la veille, au Président de la république par intérim et au Premier ministre du gouvernement de transition qui, a-t-il dit, s’est engagé à garantir tous les moyens nécessaires afin de permettre à l’instance de s’acquitter, pleinement, de sa mission.
Il a indiqué que la Haute instance s'est réunie, jeudi matin, avec la majorité des partis politiques pour leur annoncer la décision de l’instance concernant la date des élections et écouter leurs observations et interrogations au sujet de cette échéance électorale.
Le cadre juridique régissant l’instance, a-t-il souligné, est le décret-loi n°27 portant création de la Haute instance indépendante pour les élections et le décret-loi n°35 relatif à l’élection de l’Assemblée nationale constituante.
«Ces deux décrets-lois, a-t-il ajouté, prévoient des délais clairs qui ne peuvent être modifiés, précisant que la modification du corps de ces deux textes ne peut qu’affecter leur caractère juridique, ce qui rend ces délais contraignants et obligatoires, en l’occurrence le délai de 60 jours pour la convocation des électeurs, celui de 45 jours avant la date des élections pour présenter les listes candidates et un délai de 30 jours pour la publication des listes des électeurs».
Le cadre logistique n’est pas encore au point
Si l’on maintient la date du 24 juillet pour les élections de la Constituante, a expliqué M. Jendoubi, les listes d’électeurs devant être établies 45 jours avant l’échéance requise, devraient être fixées le 2 juin prochain. Ce qui est une mission impossible, en l’absence d’un règlement intérieur régissant les actes de l’instance et dans la mesure où ses différentes sections en Tunisie et à l’étranger n’ont pas encore été mises en place. Il est question, également, a-t-il ajouté, du problème de recrutement et de formation du personnel nécessaire, en plus de la non-affectation, jusqu’à présent, d’un budget à l’instance. Des démarches sont en cours et 10 millions de dinars d’avance vont être versés dans les prochains sur un compte courant de l’instance.
Il y a lieu, aussi, de constater, a-t-il poursuivi, l’impossibilité d’identifier automatiquement les adresses des électeurs dans la base des données, précisant que l’identification de ces adresses devrait être prête 45 jours avant la date de cette échéance électorale, soit le 2 juin. M. Jendouba a, également, fait état des erreurs constatées dans les adresses inscrites dans les cadres d'identité nationale, relevant que 13% de ces adresses sont fausses.
Casse-tête du renouvellement des listes électorales
L’instance, a-t-il indiqué, estime que 400.000 électeurs détiennent des anciennes cartes d’identité nationale, ce qui les empêche d’accomplir leur devoir électoral, évoquant, aussi, le risque de falsification de ces cartes. Le temps qui reste ne saurait permettre, par ailleurs, le renouvellement de ces vieux documents, les services compétents du ministère de l’Intérieur ne pourraient réaliser plus de 3.000 cartes par jour.
Compte tenu des difficultés d’identifier avec exactitude les adresses des électeurs aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger, a-t-il ajouté, la haute instance a jugé indéniable que les électeurs s’inscrivent volontairement dans les listes électorales, faute de quoi plusieurs tunisiens seront privés de leur devoir électoral.
Evoquant l’impact, de l’attachement de la Haute instance indépendante pour les élections au report de la date des élections, sur l’opinion publique, M. Jendoubi a indiqué que «la révélation de la pure vérité au citoyen tunisien est un devoir national», réaffirmant sa confiance en l’intelligence, la conscience et la pondération du citoyen.
L’instance, a-t-il encore souligné, travaille de concert avec le gouvernement de transition et les partis politiques sur la base de la responsabilité, de la sincérité et de la neutralité.
Source : Tap.