Les élections de la Constituante «seront sous contrôlées exclusivement par des Tunisiens en présence d’observateurs tunisiens et internationaux». Les étrangers apportent une garantie supplémentaire de transparence.


C’est ce qu’a affirmé, jeudi, Ghazi Gherairi, porte-parole de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique.

En rupture totale avec les pratiques passées
Le processus électoral, régi par décret-loi, sera «en rupture totale avec les modes d’organisation antérieurs et échappera au pouvoir exécutif», a expliqué M. Gherairi, lors d’un colloque international sur «le rôle des observateurs internationaux pour des élections transparentes», organisé par le Centre des études méditerranéennes et internationales (Cemi) en collaboration avec la Fondation Konrad-Adenauer-Stiftung.
Un appel à candidature pour l’accréditation de contrôleurs et d’observateurs nationaux et internationaux a été lancé par l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) qui supervisera toute l’opération électorale.
Les observateurs seront recrutés par l’Instance parmi les candidatures proposées par des associations citoyennes. Les candidats doivent avoir l’expertise requise ou appartenir à des organismes qui ont déjà fait cette expérience, a précisé M. Gherairi, citant les dispositions énoncées par le décret-loi électoral. Il ne s’agit nullement «d’un recrutement intempestif ou d’un clientélisme international», a-t-il affirmé, relevant qu’un nombre très important de candidats, tunisiens et étrangers, répondant à des critères bien définis, a demandé à participer au processus de contrôle et d’observation des élections.
L’observation, qui concernera aussi bien les grandes agglomérations où les enjeux politiques sont plus importants, que les petites circonscriptions, se fera en fonction d’une répartition équitable des observateurs sur l’ensemble du territoire national.
Les six circonscriptions électorales internationales permettant l’élection des 19 représentants près d’un million de Tunisiens résidant à l’étranger auront un rôle à jouer dans le processus de contrôle et d’observation.

Rompre avec le «tourisme électoral»
L’observation des élections par des étrangers ne constitue, en aucun cas, une «ingérence» ou une atteinte à la souveraineté du pays, a estimé, pour sa part, Chafik Said, doyen honoraire de la Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis.
Ce point de vue est partagé par Samir Taieb, juriste et membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, qui relève que la question de la souveraineté a été au centre d’un débat assez animé au sein de la Haute instance.
L’ambiguïté de la notion d’observation est relevée par Ahmed Driss, directeur du Cemi, qui souligne la confusion entre les notions d’observation, de surveillance ou de contrôle. Les appréhensions soulevées par certaines parties sont liées, a-t-il dit, aux pratiques de l’ancien régime qui a instauré «un tourisme électoral» en invitant des personnalités internationales pour servir d’alibi à des élections dont les résultats étaient connus d’avance.
Les Tunisiens sont aptes à conduire des élections conformes aux standards internationaux, soutiennent la plupart des experts. La présence d’observateurs internationaux constituera un témoignage sur le bon déroulement des élections, le climat politique et le respect des procédures du processus électoral conformément à un code de conduite préétabli, affirment-ils.
Cette participation de la communauté internationale permet aussi de conforter la crédibilité d’une étape importante du processus de transition démocratique, dont les élections sont un des principaux volets.
Cette opinion est appuyée par José Antonio De Gabriel, expert international ayant participé à plus d’une trentaine de missions d’observation dans le monde. L’expert soutient que la Tunisie est en droit «d’exiger une observation de qualité» et est appelée à garantir aux observateurs internationaux des conditions propices à leur mission.
Les élections de la Constituante, probablement le 16 octobre, date décidée par l’Isie, seront une étape importante dans l’histoire de la Tunisie, ont estimé ces experts, dans la mesure où il s’agit d’un mode de conduite qui servira pour les échéances électorales ultérieures dans le pays, dont l’élection d’un parlement, d’un président – le cas échéant – ou encore des municipales.

Source : Tap.