Dans l’article ‘‘Tunisie. Ennahdha a une marge de manœuvre limitée’’, j’ai lu le passage suivant: «Ce point fait que les autres partis, notamment ceux portés sur les questions économiques et libérales, devraient pouvoir avoir une place de choix et s’allier avec Ennahdha. Ce serait une bonne chose pour la Tunisie.»
Je suis un peu déçu, car je ne savais pas que Kapitalis était un organe de communication pro-Enahdha. En lisant cet article, je comprends que pour l’auteur, donner le pouvoir au parti Ennahdha est une chose inévitable et que pour construire la Tunisie «démocratique», on ne peut que s’allier à lui. Et cela en se référant uniquement à l’hypothèse suivante: «Les Etat-Unis (les maîtres du monde) sont séduits par un pouvoir islamiste modéré en Tunisie». Cette hypothèse est absurde et même anti-démocratique.
L’auteur affirme: «Ennahdha, par ses longues années d’exil, s’est nourri de principes et de cadres ‘‘occidentalisés’’». A mon humble avis cela relève de la propagande, tout le monde sait qu’Ennahdha, indépendamment de son discours a priori moderniste, reste fondamentalement conservateur. Et ce ne sont pas les longues années d’exil de son fondateur à Londres qui prouveront le contraire.
Je suis conscient que vous voudrez offrir à l’auteur un espace libre de communication, mais le journalisme ne doit-t-il pas être objectif et son aucun parti-pris?
A bon entendeur.
Mohamed Ben Messaoud
Réponse de la rédaction.
Tout en remerciant M. Ben Messaoud pour sa réaction, nous lui signalons que l’équipe de Kapitalis n’a pas de leçon en objectivité journalistique à prendre de qui que ce soit.
M. Messaoud doit savoir que Kapitalis n’a pas de parti-pris, ni pour ni contre tel ou tel parti. En tant que journal, nous essayons de traiter à pied d’égalité tous les partis, quels qu’ils soient, et particulièrement ceux avec lesquels nous ne sommes pas d’accord, à titre individuel.
En ce qui concerne les opinions et les tribunes libres, nous publions tous les points de vue, sans discrimination aucune (et les lecteurs peuvent le vérifier en consultant nos archives), car c’est là notre rôle et c’est ce qu’attendent nos lecteurs. Aussi les appels à la partialité émanant de lecteurs comme M. Ben Messaoud, et qui sont des appels déguisés à la censure – parlez de ceci, ne parlez pas de cela! –, nous confirme-t-ils dans nos choix éditoriaux qui se résument en trois mots: pas de parti-pris.
Cela dit, nous n’avons pas la même définition de l’objectivité que M. Messaoud. N’est pas objectif ce qui est conforme à notre opinion. L’objectivité se trouve dans la somme de toutes les opinions, librement exprimées: celle de Jamel Dridi comme celle de son contradicteur du jour, Mohamed Ben Messaoud.
Ridha Kéfi
Droit de réponse de Mohamed Ben Messaoud
En lisant votre article ‘‘Kapitalis, Ennahdha et l’objectivité journalistique’’ je me permets de faire les remarques suivantes:
• Quand bien même j’aurais pu être critique injustement ou pas envers votre ligne éditoriale, mon droit à la confidentialité des mes écrits et à l’anonymat de ma personne ne peuvent être bafoués. J’aurais aimé être consulté avant la publication de l’article.
• J’admets que les mots employés n’étaient pas courtois envers votre journal. Je ne suis ni un donneur de leçon ni un prétentieux.
• Vous dites: «qui sont des appels déguisés à la censure – parlez de ceci, ne parlez pas de cela!»; à aucun moment dans mon mail de vendredi matin, je n’appelle à la censure. Je n’appelle pas non plus à orienter vos articles. Je pense que vous confondez avec mes mails précédents qui n’ont pas été publié (je ne l’espère pas), le lecteur n’ayant pas connaissance de ces mails et ne me connaissant pas est faussement informé. En ces temps où la censure et la dictature d’opinion sont les pires ennemis de la Tunisie nouvelle.
• De nos jours tout ce qui se rapporte à Ennahdha est devenu tabou, on n’a ni le droit de critiquer ce parti, ni le droit de cautionner sa politique ou d’y adhérer. Mais ce que je constate, en faisant le tour des médias écrits et audiovisuels, c’est que ce parti est le plus présent. J’aurais aimé savoir si dans le même contexte, ma critique se rapportait au Pdp, au Pcot ou même à l’initiative, vous auriez publié votre réponse.
• Je souhaiterais, à l’instar de quelques magazines, que vous créiez une rubrique «Courrier des lecteurs» où vous publierez avec l’accord des auteurs leurs textes.
Mohamed Ben Messaoud