«Il existe des preuves que l’essentiel des fonds spoliés par le clan Ben Ali ont été placés dans des comptes étrangers grâce à des porteurs d’argent liquide, détenteurs de passeports diplomatiques et non soumis aux contrôles des douanes».


C’est ce qu’a annoncé Sami Remadi, président de l’Association tunisienne pour la transparence financière (Attf), lors d’une conférence qu’il a organisé, samedi, à Tunis, sur le thème: «Fuite des capitaux et droit international, le dictateur déchu et les receleurs: le cas des banques suisses».

Pour un «renversement de l’état de fraude»
Après avoir présenté les différentes actions menées par son association en matière de lutte contre la corruption et la malversation financière en Tunisie, M. Remadi a plaidé pour une récupération des avoirs tunisiens à l’étranger, à travers un «renversement de l’état de fraude», et ce en exigeant des banques suisses qu’elles apportent la preuve que les avoirs tunisiens en leur possession ont été acquis légalement, alors qu’actuellement ces mêmes banques imposent à l’Etat tunisien de démontrer que ces avoirs ont été spoliés et placés illégalement en Suisse. Car, comme  a conclu son intervention en précisant que les  banques helvétiques sont complices de la spoliation des avoirs tunisiens ainsi que de ceux de plusieurs autres pays du Sud.
Cette exigence est à l’origine, a-t-il ajouté, de la manifestation organisée par l’Attf, le 23 mars dernier, devant l’ambassade helvétique à Tunis, dans le dessein de réclamer la récupération des fonds spoliés auprès des banques suisses. Au terme de cette manifestation, une pétition avait été signée par 10.200 citoyens tunisiens avant d’être remise à l’ambassadeur suisse en Tunisie.
De son côté, Jean Ziegler, vice-président du Conseil consultatif des droits de l’homme des Nations unies, a souligné, dans son intervention, l’émergence d’un capitalisme mondialisé qui a favorisé «les décapitalisations frauduleuses» par des dictateurs dans plusieurs pays émergents.

Des fonds plus importants que ceux annoncés
Dénonçant un capitalisme effréné consacré par 500 multinationales privées qui contrôlent 52% du Pib mondial, l’écrivain suisse a appelé à une gestion plus équitable des transferts de capitaux, rappelant que les pays riches du nord octroient aux pays du sud une aide de 54 milliards de dollars, que ces derniers se doivent de rembourser à hauteur de 500 milliards.
M. Ziegler a estimé que les pays du sud doivent tirer le meilleur profit des instruments juridiques en vigueur et ratifier les conventions internationales anti-corruption pour pouvoir récupérer tout avoir spolié. «La Suisse, qui polarise 27% des fonds off-shore mondiaux, rechigne sous la pression de son oligarchie bancaire à restituer l’ensemble des fonds spoliés à la Tunisie», a-t-il relevé. Il a, à cet égard, indiqué que le volume des fonds tunisiens placés illicitement en Suisse, et qui s’élève à 60 millions de francs suisses, reste en-deçà de la réalité.

Source : Tap.