Le jugement de l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali, en fuite en Arabie saoudite depuis le 14 janvier, débutera le 20 juin devant des tribunaux militaire et civil.


L’annonce a été faite par le Premier ministre du gouvernement provisoire, Béji Caïd Essebsi, dans un entretien avec Ahmed Mansour, diffusé en direct, lundi soir, sur la chaîne Qatarie Al-Jazira. Le procès se déroulera par contumace, l'Arabie saoudite n'ayant pas encore répondu à la demande d'extradition de l'ex-président présentée par la Tunisie. Le nombre de chefs d'inculpation contre Ben Ali s'élève, à ce jour, à 93, a précisé M. Caïd Essebsi. Il est notamment accusé de complot contre la sécurité de l'Etat, homicide prémédité et trafic et usage de stupéfiants.
Dans un premier temps, la justice s’intéressera à une affaire portant sur «la découverte d'armes et de drogues dans le palais présidentiel de Carthage», a précisé le ministère tunisien de la Justice. La suivante portera sur les 27 millions de dollars en liquide découverts en février par la commission anticorruption dans un palais de Sidi Dhrif, à Sidi Bou Saïd, dans la banlieue nord de Tunis.
Depuis le 14 janvier, l’ex-chef d’Etat n’a fait aucune apparition publique. Il était toutefois sorti de son silence le 6 juin dernier, qualifiant de «mascarade», par l’intermédiaire de son avocat français Jean-Yves Le Borgne, le procès instruit à son encontre à Tunis et les perquisitions menées dans ses bureaux. Selon lui, «les perquisitions effectuées dans ses bureaux officiels et personnels ne sont que des mises en scène destinées à le discréditer» et «le procès que la Tunisie instruit à son encontre n’est qu’une mascarade dont le seul sens est d’illustrer une rupture symbolique avec le passé». L’ex-président affirmait également par le biais de son conseil parisien «qu’il ne possède ni biens immobiliers ni avoirs bancaires en France, non plus que dans un autre pays étranger».
Selon le ministère de la Justice, les enquêtes en cours visant le couple Ben Ali, sa famille et d’anciens ministres et responsables du régime déchu concernent des cas d’homicides volontaires, abus de pouvoir, malversation, trafic de pièces archéologiques, blanchiment d’argent et violation de la réglementation sur les marchés publics.
Plusieurs pays européens ont gelé les avoirs de l’ex-président tunisien et ceux de sa famille, qui s’était considérablement enrichie pendant ses 23 ans de pouvoir.