Les rumeurs d’un remaniement ministériel, dont bruissent depuis quelques jours les coulisses du gouvernement provisoire, sont plus que crédibles. Un tel remaniement serait, tout de même, surprenant à quatre mois des élections.
Par Ridha Kéfi


Si la rumeur, très insistante, venait à se confirmer, on serait amené à poser un certain nombre de question: Pourquoi un tel remue-ménage? Pourquoi maintenant? Et pour parer à quelle urgence, sachant que les ministres actuels exercent tous à titre provisoire et que leur mission doit s’achever au lendemain des élections de l’Assemblée nationale constituante, le 23 octobre prochain? Y a-t-il vraiment péril en la demeure?
S’agit-il de remplacer des ministres appelés en pompiers, mais qui n’ont pas su éteindre les feux dans leurs départements respectifs, tel Yacine Brahim, ministre de l’Equipement et du Transport, un brave homme, travailleur et compétent, mais qui n’a pu rétablir le calme dans les entreprises dépendant de son département?
S’agit-il de remplacer d’autres membres du gouvernement qui sont très contestés par la population et les partis pour diverses raisons, tels le ministre de l’Intérieur, Habib Essid, ou son homologue de la Justice, Me Lazhar Karoui Chebbi, un homme transparent et (presque) invisible?
S’agit-il plutôt de remplacer des ministres ou des secrétaires d’Etat, las et  désabusés, et qui auraient demandé d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte ?
Quoi qu’il en soit, un remaniement technique, sans portée politique réelle, et qui n’enverrait pas un signal fort de la détermination du gouvernement à rompre avec l’ancien système, à mettre hors circuit les hauts cadres ayant trempé avec le clan du président déchu et à ouvrir vraiment une nouvelle page de l’histoire du pays…, un tel remaniement serait inutile et improductif, un coup d'épée dans l’eau, un simple geste pour faire diversion et occuper l’opinion publique jusqu’à la prochaine crise…