Alors que les avocats étrangers sont interdits par la loi de défendre des accusés devant la justice tunisienne, il devient de plus en plus difficile de trouver des avocats tunisiens pour défendre le clan de l’ex-président Ben Ali.


Me Mohamed Rached Fray vient, en effet, d’annoncer son refus de représenter en justice l’ex-président Ben Ali et de le défendre dans le procès qui s’ouvrira lundi devant le tribunal de première instance de Tunis.

La pression des familles et des collègues
Le secrétaire général de l’Ordre national des avocats tunisiens (Onat), avocat  près la cour de cassation, a annoncé son retrait de la défense de Ben Ali, à la suite du communiqué rendu public, jeudi, et signé par le bâtonnier Abderrazak Kilani, en vertu duquel il a été désigné, ainsi que Me Abdessattar Massoudi, pour représenter en justice l’ex-président et son épouse Leila Trabelsi.
Joint par téléphone, Me Fray a précisé à l’agence officielle Tap qu’il se contentera de l’organisation de la défense, qui sera assurée par un groupe composé de cinq avocats, dont Me Amor Khemila, selon nos confrères Attounsiya, aux fins de garantir le bon déroulement du procès, de respecter le droit de la défense et de réunir les conditions d’un procès équitable.
Me Fray explique son retrait par conviction personnelle et par respect pour ses confrères qui l’ont élu pour les représenter au Conseil de l’ordre des avocats. Mais aussi parce qu’il croit aux principes de la révolution.  
Par ailleurs, Wissem Saïdi, avocat d’Imed Trabelsi, a décidé lui aussi de se retirer de la défense du neveu de Leïla Trabelsi.
Me Saïdi justifient son retrait par les pressions de sa famille et des habitants de la ville de Sbeïtla.

Où sont passés les ingrats?
Reste, bien sûr, une question: où sont les hommes en robes noire qui émargeaient sur le système dictatorial et qui sont redevables à Ben Ali et aux membres de sa famille des fortunes qu’ils ont amassées au cours des deux dernières décennies? Pourquoi ne volent-ils pas aujourd’hui au secours de celui qui les a faits «hommes»? N’auraient-ils pas pu essayer de sauver la face, à défaut de recouvrer la dignité, en rendant à leur bienfaiteur un peu de leur dette envers lui? Leur ingratitude d’aujourd’hui n’a d’égal que leur hypocrisie d’hier.

I. B.