Le Remdh a présenté dimanche, à son bureau de la Tunisie, les grandes lignes de son action dans le pays ainsi que le rapport sur la Tunisie après le 14 janvier élaboré par un groupe d’experts sous l’égide de Béatrice Hibou.
Le Bureau de Tunis du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (Remdh) a été confié à Me Ridha Raddaoui qui, pendant une année (la durée du programme du Réseau), veillera sur la mise en place, l’encadrement et l’accompagnement des associations et autres structures de la défense des droits fondamentaux à l’intérieur du pays.
C’est que, nous dit M. Raddaoui, les régions tunisiennes «ont été appauvries même sur le plan associatif» du temps de Ben Ali. Ainsi, les activités associatives «manquent cruellement à l’intérieur du pays». Il précise que l’action du Remdh dans les régions consistera à aider les associations à travailler dans le secteur des droits de l’homme. Par aider, il entend dire «les doter des moyens matériels, juridiques et autres en plus d’actions de formation et d’accompagnement».
Bruxelles et les immigrés tunisiens
Mais comment financer tout ça? Marc Schade-Poulsen, directeur exécutif du Remdh, répond qu’il faut d’abord «identifier les besoins». «Et si le Réseau se trouve incapable de financer quelques actions, poursuit-il, on fera en sorte de le faire par des échanges et une coordination avec nos différents bureaux et adhérents dans le monde».
Après avoir passé en revue l’historique du Réseau, créé en 1997 pour faire écho à la Déclaration de Barcelone et à la création du Partenariat euro-méditerranéen (Pem), M. Schade-Poulsen a évoqué quelques dossiers en rapport avec ses actions et son intervention en Tunisie. Il a dit qu’avant le 14 janvier, un groupe de solidarité (avec la Tunisie) a été créé en Europe et des réunions ont été tenues en Espagne, en Belgique et en Italie pour «promouvoir la cause des droits de l’homme en Tunisie et mobiliser la société civile européenne à cet égard».
Pour ce qui est des états des lieux de la défense des droits fondamentaux en Tunisie, M. Schade-Poulsen dit que la famille élargie du Remdh «est choquée par les réactions de l’Europe envers les immigrés tunisiens en Italie». «Bruxelles, souligne le Danois, persiste toujours dans sa position relative à l’immigration clandestine et n’affiche aucune volonté de repenser sa politique notamment dans l’octroi de visas». Il ajoute que «même quand il y a une volonté européenne de changer certaines choses, les schémas restent encore à décider».
L’Europe et le «miracle» tunisien
«Peut-être les Européens ont-ils encore dans la tête ce ‘‘miracle économique’’» véhiculé avec grand succès par le régime de Ben Ali, se demande M. Schade-Poulsen, non sans ironie. «Miracle» face auquel les défenseurs des droits de l’homme ont eu, selon lui, «peu d’instruments de réponse».
C’est d’ailleurs pourquoi les Remdh a fait appel à Béatrice Hibou, directrice de recherche au Cnrs, pour élaborer un rapport intitulé: «La Tunisie d’après le 14 janvier et son économie politique et sociale: les enjeux d’une reconfiguration de la politique européenne». Un rapport présenté dimanche à Tunis à la même occasion et en présence de Mme Hibou, également auteur de ‘‘La force de l’obéissance : Economie politique de la répression en Tunisie’’ (2006), ouvrage qui a fait connaître le visage hideux de l’ancien régime et ses pratiques mafieuses, notamment en matière économique.
Mourad Teyeb
* Le Réseau est composé de plus de 60 membres représentant des organisations de défense des droits de l’homme, des institutions et des personnes dans 30 pays de la région euro-méditerranéenne.
Basé dans un pays du nord (le Danemark), sa présidence est confiée à un pays du Sud. Actuellement, c’est le Tunisien Kamel Jendoubi, actuel président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections, qui en est le président en exercice.
Le Groupe de solidarité pour la Tunisie mis en place par le Remdh inclut les associations et ongs suivantes: Acsur - Las Segovias (Espagne); Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd); Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (Crldht); Conseil national pour les libertés en Tunisie (Cnlt); Fédération tunisienne pour une citoyenneté des deux rives (Ftcr); Ligue des droits de l’homme (Ldh, France); Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (Ltdh); Solicitors International Human Rights Group (Sihrg- Royaume Uni). Khémaïs Chammari (Tunisie) et Anna Bozzo (Italie) sont membres honoraires du Remdh.