Dans son dernier numéro, le magazine parisien se demande si le maintien en prison d’Abderrahim Zouari, l’ancien ministre des Transports de Ben Ali, n’est «une erreur judiciaire».


‘‘Jeune Afrique’’ affirme que l’ex-secrétaire général du Rcd, ancien parti au pouvoir dissous, «est maintenu en détention sans explication » et qu’il «commence à trouver le temps long».  
M. Zouari, arrêté le 13 avril et mis en détention à la prison militaire d’El-Aouina, au nord de Tunis, est soupçonné de détournement de fonds publics et d’abus de pouvoir. On lui reproche notamment d’avoir favorisé des membres de l’ex-clan au pouvoir dans l’octroi de marchés publics. Mais pas seulement…  Après avoir souligné la «bourde du ministère de la Justice» – qui a accusé M. Zouari sans preuves, avant de se rétracter – d’avoir attribué un marché à Imed Trabelsi, le neveu de l’épouse de l’ex-président, ‘‘Jeune Afrique’’ y va de son plaidoyer: «Alors que d’anciens hauts responsables comme Hamed Karoui ou Hédi M’henni ont été relâchés, Zouari est toujours en prison. Ses quatre avocats tunisiens affirment pourtant que le dossier d’accusation, qu’ils ont pu consulter, est vide.»

Le scoop de JA
Le magazine parisien nous apprend aussi – et là c’est carrément un scoop ! – que M. Zouari, l’un des rares ministres restés en poste durant pratiquement tout le règne de l’ancien président, «a pourtant subi les foudres de Ben Ali lorsqu’il imposait d’avoir recours à des appels d’offres pour attribuer des marchés publics, s’opposant notamment à Belhassen Trabelsi, le frère de Leïla».
M. Zouari a-t-il été un révolutionnaire voire un «opposant» (et le mot est de ‘‘Jeune Afrique’’)? Serait-il une sorte de Taoufik Ben Brik, Mokhtar Trifi ou Sihem Bensedrine qui aurait «infiltré», 23 ans durant, le système Ben Ali?  
Sans préjuger de la suite que la justice tunisienne pourrait donner aux accusations à l’encontre de l’ancien proche collaborateur de Ben Ali – il pourrait même être relâché –, la décence nous empêche cependant de laisser dire, «même» (et «surtout») par ‘‘Jeune Afrique’’, que celui qui fut secrétaire général du Rcd (1988-1991), ministre de la Justice (1991-1992), de la Jeunesse et Enfance (1993-1997), des Affaires étrangères (1997), de l’Education (1998-1999), des Sports et Education physique (2000-2002), du Tourisme et Artisanat (2002-2004) et des Transport (2004-2001), était… un «opposant» de l’intérieur à Ben Ali, ou qu’il est aujourd’hui une victime de la justice tunisienne post-Ben Ali.
Tout de même… Ce serait continuer de prendre les Tunisiens pour des idiots.

Imed Bahri