Le 20 juin, Rached Ghannouchi, leader du parti Ennahdha, a pris part à une table-ronde organisée par le Middle East Monitor (Memo) dans les Maisons du Parlement, à Londres. Compte-rendu par ‘‘Meadle East Monitor’’.
En raison de ses activités politiques à la tête du parti Ennahdha, cheikh Ghannouchi et des milliers de ses compatriotes avaient été contraints à l’exil politique pendant plus de deux décennies, mais maintenant, à la suite du soulèvement populaire en Tunisie ayant inspiré la vague de révolutions dans le monde arabe, cheikh Ghannouchi a pu finalement retourner dans sa patrie tunisienne.
Les gens n’ont plus peur de l’Etat policier
Visiblement fier de tout ce que ses compatriotes, hommes et femmes, ont pu obtenir, grâce à leurs courageuses protestations publiques, et notamment le renversement du président Ben Ali, un dictateur corrompu, cheikh Ghannouchi a évoqué les changements positifs intervenus en Tunisie au cours des quatre derniers mois. «La peur a disparu», a-t-il dit, les gens n’ont plus peur de l’Etat policier. Au contraire, les gens, aujourd’hui, se considèrent comme les maîtres de l’État – comme cela devrait être. Les prisonniers politiques ont été libérés. Il y a eu le retour d’un grand nombre d’exilés qui ont passé des décennies loin de leurs maisons et de leurs familles en Tunisie. Il y a eu aussi un regain de popularité des groupes islamistes modérés, tel qu’Ennahdha (qui signifie littéralement la Renaissance).
Il y a cependant encore un long chemin à parcourir, a averti cheikh Ghannouchi. Beaucoup craignent que, malgré le changement des personnes qui étaient associées au dictateur déchu, il n’y aurait finalement qu’un lifting de l’ancien régime. Ce qu’il faut, c’est plutôt un nouveau départ. Les Tunisiens ne cherchent pas à démanteler leur État ou à lancer une chasse aux sorcières, comme d’autres pays seraient tentés de le faire en ce moment. Ils veulent seulement une direction démocratiquement élue à laquelle ils pourraient faire confiance.
Cheikh Ghannouchi a aussi expliqué que le parti Ennahdha est l’un des groupes politiques les plus populaires en Tunisie. Il a raconté comment des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues pour exprimer leur joie lorsque lui et les représentants de son parti sont retournés récemment enTunisie, après un long exil.
Ennahdha ne peut pas conduire la Tunisie par lui- même
Au cours des 30 dernières années, le parti Ennahdha et ses membres ont été en lutte pour leur existence même, a-t-il dit. Ayant été banni, ils ont réussi à garder le parti et son éthique en vie et sont maintenant prêts à rentrer plus forts que jamais et plus déterminés pour représenter leur peuple.
La Tunisie est un pays magnifique, a dit cheikh Ghannouchi à son auditoire, mais sous une direction corrompue dans les dernières décennies, il a beaucoup souffert. Vingt-cinq pour cent des ressources du pays étaient contrôlées par Ben Ali et quelques-uns des problèmes les plus importants auxquels la Tunisie fait face maintenant sont d’ordres social et économique. Plus de 700.000 personnes sont au chômage en Tunisie, dont beaucoup de diplômés.
Cependant, ce ne sont que quelques-uns des nombreux problèmes auxquels cheikh Ghannouchi et son parti se sentent en mesure de répondre. Et bien qu’il ne soit plus possible de marginaliser les islamistes, le leader d’Ennahdha reconnaît que ces derniers ne peuvent pas conduire la Tunisie par eux-mêmes.
Les élections qui devaient avoir lieu le 24 juillet sont désormais fixées pour le 23 octobre, période à laquelle Ghannouchi est confiant que les militants du parti Ennahdha seront les mieux placés pour se présenter au peuple comme les nouveaux représentants d’un gouvernement démocratique en Tunisie.
Traduit de l’anglais par: Imed Bahri