«Liberté pour tous»; «Oui à la liberté de pensée, non au terrorisme»; «Non à la violence et à la terreur», «Pour une Tunisie moderne et indépendante», «Une Tunisie des Lumières" ou encore «un Etat progressiste»…


Tels sont quelques uns des slogans brandis, jeudi après-midi, par les participants à une marche à Tunis pour la liberté et contre l’extrémisme et l’intolérance.
La marche, qui a réuni plusieurs centaines de personnes au centre de Tunis, a démarré de la place Pasteur pour parcourir l’avenue Mohamed V. Elle a été encadrée par un important dispositif policier.
Organisée à l’initiative du Pôle démocratique moderniste, l’association Tous unis et l’Initiative citoyenne – des appels à y participer avaient été lancés via le réseau social Facebook –, la marche pacifique vise à mettre en garde contre «l’extrémisme et la violence» et réclamer «une Tunisie ouverte à tous».
Les participants étaient en majorité des membres d’organisations et d’associations de droits de l’homme et de partis progressistes.

Haro sur l’extrémisme et l’intolérance
«C’est une initiative citoyenne qui veut montrer que la Tunisie appartient à tous, car nous assistons en ce moment à des phénomènes inquiétants qui doivent prendre fin au plus vite», a déclaré Ahmed Brahim, dirigeant du parti Ettajdid (gauche). Il faisait référence, comme la majorité des manifestants, à l’attaque le 26 juin par de présumés militants salafistes de la salle CinémAfricArt, au centre-ville de Tunis, pour empêcher la projection d’un film sur la laïcité.
«Il y a parfois de l’intox autour de la menace islamiste, mais il y a aussi des faits, et nous sommes là pour dire notre vigilance, pour rappeler ce qu’a toujours été la Tunisie», a déclaré Meriem Zeghidi, membre de ‘‘Lam Echalm’’, le collectif d’associations qui a organisé la projection du film ‘‘Ni Allah ni maître’’ de Nadia El Fani.
Ahmed Nejib Chebbi, fondateur et leader du Parti démocrate progressiste (Pdp), a participé à cette marche pacifique pour, a-t-il dit, exprimer «sa colère et sa condamnation» de toute forme de violence perpétrée par «un groupe extrémiste» contre les créateurs et les institutions culturelles. «Il n’y a aucun motif pour faire usage de la violence, pour porter atteinte à la liberté d’expression ou pour détruire les biens d’autrui», a-t-il estimé.
La présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd), Ahlem Belhaj, a affirmé la nécessité de veiller à la préservation des acquis de la révolution tunisienne. La violence, a-t-elle dit, est «une manifestation contre-révolutionnaire qui vise à verrouiller les libertés publiques». Ce courant est conduit par de nombreuses parties dont «les salafistes, les symboles de l’ancien régime et des éléments sécuritaires», a-t-elle ajouté.
«Le rejet catégorique de la violence est un slogan fédérateur de l’ensemble des Tunisiens», a clamé pour sa part Samir Bettaieb du Mouvement Ettajdid et membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution.
De son côté, Hedi Lakhzouri, coordinateur du département de la formation syndicale à l’Ugtt, a souligné la nécessité d’adopter le dialogue comme voie d’entente, loin de toute forme de violence et d’extrémisme.
Une opinion partagée par Alya Cherif Chammari, membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, qui a défendu le droit du créateur quel que soit son appartenance à une liberté totale lui permettant d’exprimer son opinion. «Le respect des libertés individuelles doit être un fondement de l’édification démocratique».

Préserver, en premier lieu, l’intérêt du pays
Cette marche vient exprimer une ferme condamnation de toute menace contre l’édification démocratique moderniste, a plaidé Khaled Abdelajawed, indépendant membre du Pôle démocratique moderniste. Il s'agit d’un refus de toute tentative qui vise à exercer la répression et l’oppression contre autrui sous prétexte d’une divergence d’opinion.
En arrivant à mi-chemin du parcours de la marche qui devait traverser l’avenue Mohamed V, une majorité des manifestants ont choisi de rebrousser chemin vers le point de départ de la manifestation par crainte que des accrochages n’éclatent avec des participants au «Sit-in du destin». Quelques dizaines de manifestants ont, par contre, choisi de poursuivre la marche.
Contrairement aux appréhensions, le rassemblement au niveau de la place des droits de l’homme n’a enregistré aucun incident. Les slogans scandés par les différents groupes étaient unanimes appelant à préserver, en premier lieu, l’intérêt du pays.

Imed Trabelsi (avec agences Tap et Afp)