Le président du Congrès pour la république (Cpr) s’est pointé, lundi matin, à la municipalité, mais il n’a pu s’inscrire sur les listes électorales. Il raconte sa mésaventure dans un communiqué en arabe qu’il nous fait parvenir. En voici la traduction...


«Aujourd’hui est le premier jour de l’inscription sur les listes électorales. C’est le seul jour aussi où, depuis deux semaines, je me retrouve dans ma maison de Hammam-Sousse. J’ai décidé de profiter de l’occasion pour m’inscrire. Et afin d’éviter la longue file, je me suis pointé assez tôt à la municipalité. A 8h15, je me suis adressé à un fonctionnaire lui demandant de m’expliquer la procédure. Il s’est excusé et m’a dit qu’aucun des agents chargés de l’inscription n’est encore arrivé et que je ferais mieux de revenir un peu plus tard. Je me suis dit: ‘‘C’est le sous-développement ordinaire et la bureaucratie habituelle’’.

‘‘Il y a des problèmes, reviens demain!’’
«Je suis revenu deux heures plus tard pour découvrir trois fonctionnaires derrière leurs ordinateurs qui m’ont accueilli avec une certaine gêne. L’un d’eux m’a demandé ma carte d’identité qu’il a passé par un lecteur automatique qui, semble-t-il, n’y a rien compris. Le fonctionnaire s’est mis à tapoter sur le clavier de son ordinateur pendant un quart d’heure avant de remettre la carte, si douteuse, à son collègue. N’ayant pas pu, lui non plus, en déchiffrer le code, il me l’a remise en me disant: ‘‘Il y a des problèmes, reviens demain!’’
«En effet, il y a problèmes. Le premier est que j’étais le seul dans la salle d’inscription. Ma peur de la file était comme ma peur de l’ogresse lorsque j’étais enfant, complètement infondée. Est-ce là un mauvais signe ou une présentation médiocre à cause du sous-développement, de l’été, du laisser-aller, et parce que les gens vont se bousculer pour s’inscrire… lorsque Dieu le voudra?
«Second problème : la panne technique, puisque trois personnes derrière trois ordinateurs n’ont pas pu enregistrer un seul citoyen à qui ils ont fait perdre son temps.

Elever le soupçon à la plus haute échelle
«Et là, nous devons présenter deux hypothèses : la première est qu’il s’agit de sous-développement, de manque de formation et ses difficultés du début; la seconde est que c’est le début des ‘‘difficultés techniques’’, qu’ils ont déjà évoqué pour justifier le report des élections.
«Sans tomber dans la paranoïa, et comme il y a un manque de confiance absolu dans ce gouvernement et dans ses excroissances, comme la Haute instance et l’Instance indépendante pour les élections, après que l’on ait eu la confirmation de leur mauvaise foi, le ‘‘tkarkir’’ (ou perte du temps) ayant été prémédité avant de devenir une impossibilité technique d’organiser les élections à leur date, alors j’appelle tous les Tunisiens:
- premièrement, à aller vite aux bureaux d’inscription, et, à chaque fois qu’on leur dit: ‘‘Revenez demain !’’, à revenir tous les jours ;
- et, deuxièmement, à élever le soupçon à sa plus haute échelle et se préparer à un nouvel affrontement avec une autorité qui n’a pas sérieusement l’intention de céder le pouvoir aux représentants du peuple.»

Moncef Marzouki

Traduit de l’arabe par Imed Bahri