Cinq Tunisiens sont encore incarcérés à la prison américaine de Guantanamo, sans jugement et sans qu’aucune accusation n’ait été retenue contre eux. Des Ong ont appelé samedi à Tunis, à leur libération et rapatriement.


L’appel a été lancé par des représentants de Reprieve, l’organisation britannique pour les droits de l’Homme, le Conseil national pour les libertés en Tunisie (Cnlt), l’Association tunisienne de lutte contre la torture (Atlt) et l’Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (Aispp).
«Nous sommes venus à Tunis pour inciter le gouvernement transitoire à engager des discussions avec les autorités américaines en vue de libérer et de rapatrier au plus vite les Tunisiens qui se trouvent encore à Guantanamo», a déclaré la coordinatrice générale de l’organisation britannique Katherine Taylor, lors d’une conférence de presse.
Selon elle, ces derniers sont en détention depuis presque dix ans «sans jugement et sans qu’aucune accusation n’ait été retenue contre eux». «Pire, ils ont été soumis aux pires tortures telles la privation de sommeil, l’exposition à des températures extrêmes tantôt chaudes tantôt froides, les humiliations sexuelles et les atteintes à leur religion», a-t-elle noté.
«Avant, sous le régime de l’ancien président Ben Ali, nous étions contre le rapatriement des Tunisiens de Guantanamo, en raison des menaces de tortures qu’ils encouraient à leur retour, mais aujourd’hui les choses ont changé et il n’y a plus de raison objective qu’ils soient maintenus là où ils sont», a-t-elle ajouté.
Selon Mme Taylor, sur les 171 prisonniers qui se trouvent actuellement dans la prison de Guantanamo, 89 ont été innocentés par le gouvernement américain.
«C’est une reconnaissance de fait qu’ils ne représentent pas un danger ni pour les Etats-Unis ni pour les autres pays», a noté Mme Taylor. Quant aux Tunisiens, sur les 12 qui y étaient détenus à l’origine, deux ont été rapatriés en 2008 sous le régime de Ben Ali et cinq ont trouvé refuge dans des pays européens. Tous ont été arrêtés au lendemain des attentats du 11 septembre à New York, en Afghanistan et dans d’autres pays, suspectés de liens avec le réseau terroriste Al-Qaïda.

I. B. (avec agences)