Dans une allocution adressée au peuple tunisien, lundi après-midi, Béji Caïd Essebsi a indiqué que le gouvernement va poursuivre sa mission jusqu’à l’échéance de l’élection de l’Assemblée nationale constituante, soulignant que des parties politiques sont derrière le retour de la violence, des protestations et des sit-in, ces derniers jours, dans le pays, dans l’objectif de faire échouer l’opération électorale.
Les islamistes pointés du doigt
M. Caïd Essebsi n’a pas nommé ces partis, mais l’allusion au parti islamiste Ennahdha est lourde, sauf qu’à l’analyse, ce parti, auquel les sondages d’opinion donnent de bons scores à l’élection du 23 octobre, n’a aucun intérêt à retarder cette élection.
Le Premier ministre a affirmé que ces élections auront lieu à la date fixée au 23 octobre, relevant que le gouvernement de transition s’est employé, au cours de la dernière période, et après un «large consensus» autour du report des élections au mois d’octobre, pour réaliser la concorde entre les différentes sensibilités politiques et faire réussir cette étape de transition. Il a ajouté que le gouvernement a veillé à circonscrire les sit-in et les grèves qui étaient illégaux et qui ont touché les différents secteurs vitaux, à travers le dialogue et l’écoute, même si ces efforts n’ont pas été, totalement, couronnés de succès.
M. Caïd Essebsi a fait remarquer que les derniers développements sur la scène politique, notamment le sit-in Kasbah III qui «n’a pas réussi et qui n’a pas bénéficié d’un large soutien populaire», sont l’œuvre de parties qui ne sont pas préparées pour les prochaines élections et qui commencent à craindre que cette échéance politique ne dévoile leur véritable poids, ce qui les poussent à recourir à tous les moyens pour entraver ce processus politique.
Le Premier ministre a souligné que la concomitance de ce nouveau sit-in de la Kasbah avec les actes de violence et les agressions qui ont touché des locaux de la sécurité et des établissements publics, dans plusieurs régions, a démontré, sans aucun doute, que ce qui se passe n’est pas un simple mouvement de protestation, mais une intention de faire régner la confusion et le désordre afin que les élections ne se déroulent pas à la date prévue.
M. Caïd Essebsi a, d’autre part, évoqué «le double langage dans les positions de certains partis» concernant ces événements. Il a souligné que «les partis ne doivent pas s’intéresser, seulement, aux élections mais aussi au respect de la primauté de la loi». «Nous voulons qu’ils condamnent ces actions insensées», a-t-il ajouté.
Médias officiels, médias publics
Le Premier ministre a appelé les médias à être conscients de l’importance du rôle qui leur est dévolu, en cette étape, notamment pour sensibiliser les Tunisiens au fait que la sécurité est une responsabilité collective et ne pas alimenter les rumeurs. Il a fait remarquer, à ce propos, que certains organes de presse, dont des «organes officiels», poussent au désordre. Par «organes officielles»,
M. Caïd Essebsi fait sans doute allusion aux chaînes de radio et télévision publiques, trahissant là la persistance chez lui de réflexes et habitudes hérités de l’ancien système dictatorial. Le Premier ministre semble ignorer qu’après le 14 janvier, il n’y a plus de médias officiels et que les médias publics ne sont pas là pour servir la soupe au gouvernement, mais pour faire leur travail d’information en toute impartialité.
M. Béji Caïd Essebsi a affirmé, par ailleurs, que «le peuple tunisien qui a pu faire face au tyran est capable, aujourd'hui, de protéger les acquis de la révolution». Il a, à cet effet, appelé les citoyens «qui ont donné l’exemple avec l’armée et les forces sécurité nationales, dans la défense de leurs enfants», au cours des examens du baccalauréat, à être aux premières lignes des défenseurs du pays et à comprendre qu'une «groupuscule menace leur sécurité».
Il a souligné que le gouvernement de transition ne permettra pas la détérioration de la situation et qu’il va lutter contre les forces de l’extrémisme et autres parmi ceux qui œuvrent pour porter atteinte au prestige de la Tunisie. Il a indiqué qu’il a donné l’ordre de poursuivre les responsables de ces troubles.
Il a rappelé que le gouvernement de transition dont les membres se sont engagés à ne pas se présenter aux élections de l’Assemblée nationale constituante, achèvera sa mission dès l’élection légale de cette assemblée.
I. B. (avec Tap)