Le différend entre la Haute instance et le mouvement Ennahdha porte sur des points importants aux yeux des deux parties. Les négociations des derniers jours ne semblent pas avoir réussi à aplanir les divergences.


Yadh Ben Achour, président de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution s’est réuni, jeudi, avec membres du bureau exécutif d’Ennahdha, Hamadi Jebali, Zied Daoulatli et Ali Laâridh, au siège du parti islamiste tunisien, au quartier de Monplaisir à Tunis, en vue de dégager une solution consensuelle garantissant le retour des représentants du mouvement islamiste tunisien au sein de la Haute instance.
Le président de la Haute instance a transmis aux dirigeants du mouvement ce qu’il a qualifié de «craintes de la société tunisienne», notamment:
- l’absence de clarification de l’approche d’Ennahdha de la relation entre le droit et la charia;
- la séparation entre la politique et la religion;
- la position ambiguë du mouvement quant au phénomène de la violence qui a défrayé la chronique dans le pays au cours des dernières semaines, particulièrement l’attaque contre le CinémAfricArt, qu’Ennahdha n’a condamné qu’à demi-mot.
Ennahdha, qui reproche à la Haute instance de se comporter comme un pouvoir législatif, alors que ses membres ne sont pas élus, demandent pour leur part :
- l’élargissement de la représentativité de son bureau;
- la révision de sa composition, à ses yeux très déséquilibrées et avantageant des parties au dépens d’autres;
- l’établissement d’un agenda des travaux de l’Instance jusqu’au 23 octobre;
- et le recours dorénavant au consensus et non au vote, comme actuellement, procédé qui, il est vrai, désavantage Ennahdha, très minoritaire au sein de la haute instance.
Les positions des deux parties étant assez tranchées sur toutes ces questions, on voit mal comment celles-ci vont pouvoir aplanir leurs divergences, sans faire des consensus substantielles. La restauration de la légitimité politique et la mise en place des conditions de réussite de la transition démocratique, espoirs portés par 10,5 millions de Tunisiens, valent bien quelques entorses aux dogmes idéologiques, laïcs d’un côté, religieux de l’autre.

 

Imed Bahri