Oui mes compatriotes, je tiens entre mes mains mon sésame, un petit reçu qui ne paye pas de mine mais qui m’ouvre pour la première fois de ma vie la porte des élections en tant qu’électeur libre de son choix. Par Haykel Ezzeddine, Genève
Ce geste anodin dans les pays où la démocratie est bien installée est un acte à forte résonnance en Tunisie. S’en priver ou s’en détourner est une grave erreur.
Habitant Genève, je me suis déplacé vendredi à Berne pour renouveler mon passeport et m’inscrire sur la liste électorale.
J’ai failli pleurer en recevant ce bout de papier de 3 lignes qui dit: «L’Ambassade de Tunisie à Berne atteste que Haykel Ezzeddine a déposé une demande d’inscription aux listes électorales à Berne, le 22 juillet sous le numéro 307.»
Après la révolution de la rue, celle des urnes!
Ce chiffre m’intrigue et je pose la question au fonctionnaire qui me répond qu’à quelques jours de l’échéance, seules 307 personnes ont accompli ce geste citoyen sur un total qui avoisine les 20.000 électeurs potentiels.
Conscients de ce retard dans les inscriptions, les autorités consulaires ont ouvert un deuxième bureau à la Mission diplomatique de Genève auprès de l’Onu et prévoient une permanence durant les week-ends. Mais ça reste toujours insuffisant et le dernier délai fixé pour le 2 août est très court pour rattraper le retard.
En dépit de tous les spots qui passent en boucle à la télévision tunisienne, sur les ondes de plusieurs radios, sur les sites internet des médias et des réseaux sociaux, le Tunisien peine à remplir son devoir. Un ras-le bol? La peur de l’inconnue? Manque de motivation? Attentisme? Ou simplement insouciance liée au farniente des vacances d’été? Il y a un peu de tout cela à la fois.
Après la révolution de la rue, on veut une révolution par les urnes!
Allez, Tunisiennes et Tunisiens... un petit geste pour inscrire notre pays dans le box office des nations qui votent le plus!