«Les lieux de culte servent à diffuser un discours religieux éclairé, modéré et tolérant. Tout ce qui a trait à la politique est du ressort des partis», a déclaré, samedi, le ministre des Affaires religieuses à Nabeul.


Laroussi Misouri, ministre des Affaires religieuses, qui parlait en marge de la réunion interrégionale des imams prédicateurs des gouvernorats de Nabeul et de Zaghouan, n’a pas nié l’existence de dérives constatées dans certaines mosquées. Il a cependant affirmé à l’agence Tap que «les mosquées sont des lieux pour la sensibilisation et la diffusion des valeurs et préceptes de l’islam. Au-delà de cela, ce serait une pure dérive».
Selon le ministre, «le choix des imams prédicateurs doit s’effectuer dans le cadre de la loi et après avoir rempli les deux conditions de la compétence intellectuelle (obtention d’une maîtrise) et la capacité morale et éthique». «L’imam du prêche du vendredi est appelé à choisir minutieusement un sujet ayant une dimension humaine pour le traiter d’un point de vue religieux», a-t-il ajouté. «Les lieux de culte, a-t-il insisté, servent à diffuser un discours religieux éclairé, modéré et tolérant. Tout ce qui a trait à la politique est du ressort des partis politiques».

Un fonds pour la promotion des sites religieux
Au sujet de l’apparition de nouveaux phénomènes de collecte de fonds et de dons dans les mosquées, incontrôlés et dont l’affectation n’est pas facile à identifier, le ministre précise que son département a mis en place un fonds pour la promotion des sites religieux, avec la transparence, la crédibilité et le contrôle requis, afin de mettre fin à la collecte anarchique des fonds.
Interrogé sur la montée des phénomènes de violence et d’extrémisme religieux, le ministre a indiqué que ce qui se passe dans les rues est du ressort des autorités sécuritaires et demeure une question relevant de la compétence exclusive de la loi.
Le ministère des Affaires religieuses, a-t-il ajouté, intervient seulement pour mettre l’accent sur le volet intellectuel de la diffusion des préceptes de l’islam et des valeurs universelles, telles que le respect de l’autre, le respect du droit à la différence et de la liberté d’opinion. La Tunisie reste, selon lui, une terre de tolérance où il n’y a pas de place pour une quelconque forme d’extrémisme.
M. Mizouri a souligné, à cette occasion, la volonté du ministère de créer des directions régionales et locales pour les affaires religieuses et d’élever le nombre des recrues prévues au titre de l’année en cours de 21 à 63 imams afin de renforcer le corps des prédicateurs.

La guerre des «manaber» a-t-elle commencé?
Pour leur part, les imams prédicateurs ont mis l’accent sur la nécessité de veiller à ce que les affaires religieuses ne soient plus du ressort du ministère de l’Intérieur, à travers la création de directions régionales et locales relevant du ministère des Affaires religieuses, mettant en garde contre l’émergence de nouveaux fléaux dans les lieux de culte, notamment, la tentative de certains de s’emparer des «manaber» (lieux de prêche), la mainmise de certaines associations sur les écoles coraniques et l’apparition d’associations et de comités de gestion des mosquées.
L’accent a été également mis sur le rôle dévolu aux fidèles dans la lutte contre le phénomène du remplacement forcé de certains imams par d’autres qui sont dépourvus de compétence, ajoutant qu’il est impératif de rétablir la confiance envers les cadres religieux et les imams, dès lors que leur rôle est majeur en cette étape transitoire, en calmant les esprits, de manière à permettre à la Tunisie d’arriver à bon port.

Source : Tap