Chronique d’un périple citoyen à Sidi Bouzid à l’occasion d’une action citoyenne au profit des enfants de Bir Lahfay, un village du sud-ouest. Par Karim Jaffel
Walid avait du mérite en accordant à son projet citoyen autant d’attention et de temps. Jusqu’à la dernière minute, il avait planifié ces deux journées sans nous quitter. Il avait remplacé ses absences physiques pour préparer ses noces de mariage qui se déroulait le 16 juillet, par une présence au téléphone tout aussi efficace.
Le mariage de Walid
Avec toujours le même enthousiasme, toute l’équipe était prête à suive Walid et le cortège de voitures pour aller chercher la mariée. Et c’est ainsi que nous avons assisté au mariage de Walid Issaoui et de sa jeune épouse, à Sidi Bouzid, en découvrant les traditions d’hospitalité des deux familles. Nous avons vécu la sincérité de leur sollicitation à partager leur danse, leurs applaudissements, leurs youyous et leurs vœux de santé et de bonheur pour Walid aimé par les siens.
La fatigue devenait visible sur les enfants et sur Traki dont les yeux commençaient à se fermer involontairement. Chahnaz suivaient du regard, comme une louve Azza et Farah qui perdaient au fil des heures leur entrain pour venir s’affaisser dans ses bras.
Si Khemais, imperturbable, était veillant et attentif à ce cérémonial fait de couleur et de lumière. Moune souhaitait gardait de ce voyage le plus de photos et les mégaoctets libres de son appareil photo se faisant de plus en plus rares.
En avançant vers Walid, il comprit que nous devions partir. Il désigna un de ses neveux pour nous accompagner avec sa voiture jusqu’à l’hôtel. Les phares allumés, nous rejoignons nos chambres pour nous affaisser jusqu’au lendemain.
Le départ et l’au revoir pour le projet citoyen…
Sidi Bouzid a fini par nous imprégner d’un rythme soutenu. A sept heures j’étais avec Chahnaz au restaurant pour un petit-déjeuner. Moune et si Khemais étaient déjà à table en tenant une discussion déjà bien entamée sur les jeunes de Sidi Bouzid. Traki nous a rejoints aussitôt et après une demi-heure, Chahnaz remonta à la chambre suivie du petit déjeuner des enfants.
11H00. La signalisation de la route nous indiquait une plaque avec Sidi Bouzid barré d’une ligne rouge. La quasi-totalité des stations de radio passait en boucle les programmes politiques des partis qui allaient se présenter à la constituante.
Nous repartons avec dans nos esprits des visages et de l’espoir. Avant de partir, si Dhaoui, le directeur de l’école de Bir Lahfay nous fît part de son vœu le plus cher: irriguer les 3 hectares de terres agricoles à la disposition de l’école selon un accord ministériel, la doter d’un puits et d’un élevage de lapin.
Outre la création de ressources pour l’école et pour la localité, ce projet permettrait de créer, dans une première phase, près de 4 emplois quasi permanents. Nous lui avons promis de réaliser un «bir» à Bir Lahfay et qu’un planning lui sera transmis dès notre arrivée.
Les eucalyptus défilaient sur la route menant vers Tunis. La radio diffusait toujours des débats politiques quand Traki reçut un coup de fil l’informant que Facebook diffusait des récits sur des affrontements à Sidi Bouzid. Traki a confirmé qu’il n’en était rien... une pure intox!
Lundi 18 juillet, en arrivant au bureau, j’apprends qu’il y a eu un mort, un jeune de 14 ans, suite à des affrontements pendant la nuit du 17 juillet vers 23 heures.
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