Une visite éclair, deux rencontres officielles et un point de presse improvisé. Pour dire que la Tunisie peut compter sur ses voisins méditerranéens pour remonter la pente et appréhender l’après-Ben Ali avec sérénité et ambition. Par Zohra Abid
Après son entretien avec le Premier ministre par intérim, Béji Caïd Essebsi, et Mouldi Kéfi, le ministre des Affaires étrangères, le Marocain Youssef Lamrani, nouveau secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UpM), depuis le 1er juillet, poste où il a succédé au Jordanien, Mohamed Massaddeh, a rencontré mardi les médias tunisiens au Palais du gouvernement de la Kasbah, à Tunis. Pour dire quoi?
Un espace de communication
En fait, pas grand-chose! En somme, la litanie que les Tunisiens se sont habitués à entendre de la bouche des responsables étrangers en visite dans le pays: des bouquets de projets, des partenariats, des aides et des promesses à gogo...
M. Lamrani a donc appelé à la solidarité entre les peuples du nord et du sud de la Méditerranée tout en insistant sur la position stratégique de la Tunisie pour l’édification d’une véritable union et un solide partenariat.
«Aujourd’hui, nous partageons les mêmes valeurs avec que nos voisins de l’autre rive et on est en droit d’exiger un partenariat plus solidaire. La coopération entre le nord et le sud de la Méditerranée doit être revisitée», a-t-il suggéré.
Pour le secrétaire général de l’UpM, fraîchement nommé, il est impératif que les pays du nord interviennent davantage pour aider la Tunisie à se reconstruire, à s’en sortir et à se bâtir un avenir prospère. «L’UpM sait aujourd’hui que la transition démocratique en Tunisie est un modèle unique. J’appelle donc l’UpM à soutenir la Tunisie, à promouvoir son tourisme et à l’aider à booster son économie», a-t-il déclaré. Et de rappeler que les pays de l’Union européenne, dont ceux membres de l’UpM, sont obligés de composer avec les mutations dans la région, comme ils l’ont fait lors de la chute du mur de Berlin ou avec la Grèce pour l’aider à relancer son économie.
Selon l’hôte marocain, la Tunisie post-révolution a démontré au monde entier une image positive en se montrant solidaire avec les réfugiés de Libye. Et c’est tout en son honneur. «La Tunisie est un pays incontournable et indispensable dans la construction d’un espace euro-méditerranéen. Le pays bénéficie aussi d’une bonne presse auprès des instances onusiennes et autres organisations internationales qui s’intéressent à son sort», a-t-il précisé, précisant que ces instances sont en train de suivre de près l’évolution de la transition démocratique de la Tunisie et l’état de son économie. Car la transition tunisienne peut servir de modèle pour les autres pays de la région.
Les alliances régionales font la force
Pour le secrétaire général de l’UpM, il est nécessaire aujourd’hui d’établir un climat de partenariat d’égal-à-égal, et de lancer davantage des projets pour le développement économique et social. «Je suis optimiste quant à l’avenir de l’entité euro méditerranéenne, comme un espace adapté pour l’instauration d’un partenariat solide et l’établissement d’alliances régionales», a expliqué M. Amrani, se montrant confiant quant à l’avenir de la région. Et d’ajouter qu’«on ne peut réaliser la démocratie sans développement économique. Il faut qu’il y ait plus d’échanges commerciaux entre le Nord et le Sud de la Méditerranée. Je sais que c’est difficile, mais il faut tenir bon et s’imposer. Actuellement l’Europe est divisée sur les aides financières, mais nous avons les moyens de dialoguer avec les pays européens comme nous l’avons fait avec l’Espagne et la France. Le partenariat reste le seul moyen pour consolider les liens du voisinage», a encore souligné le secrétaire général de l’UpM.
Interrogé sur l’émigration clandestine, le secrétaire général de l’UpM a dit qu’il comprend bien les contraintes que vit actuellement la Tunisie, mais «la question ne pose pas seulement un problème de sécurité dans l’espace méditerranéen, comme on le prétend, elle nécessite une approche globale garantissant les opportunités permanentes de développement entre les pays partenaires», a-t-il déclaré.
Pourquoi l’Union du Maghreb arabe n’arrive-t-elle pas à décoller? Tout en regrettant que les pays maghrébins n’arrivent pas à se mettre d’accord pour ériger une force commune, M. Lamrani a tenu à réaffirmer sa foi personnelle en l’avenir de cette Union, surtout en matière d’échanges économiques. «Nos pays sont en train de perdre au moins 2 points de croissance annuelle à cause de leur désunion. Leur union est donc nécessaire», a-t-il plaidé.
L’UpM ne risque-t-elle pas d’être handicapée par la persistance du conflit israélo-arabe? M. Lamrani pense que le conflit va finir par se résoudre par les négociations. «Notre position est claire. La Palestine est en droit d’avoir un Etat qui vit en paix», s’est-il contenté de dire, en rendant hommage aux médias tunisiens qui, selon lui, sont tenus d’accompagner la transition sans parti-pris. «Les médias ont un message fort pour que la démocratie s’instaure. Ils sont sur la bonne voie et ils n’ont qu’à continuer». En voilà au moins un qui ne critique pas les médias tunisiens.