Après un vif débat, la Haute instance a décidé de reporter l’adoption du décret-loi portant organisation des partis politiques.
Ce report intervient en attendant qu’aboutissent les efforts visant à assurer le retour des membres qui se sont retirés de l’instance, notamment ceux d’Ennahdha, et de la finalisation des travaux de la commission chargée de l’élaboration du projet du texte portant création d’un Fonds de développement de la démocratie (Fdd).
Rabiaa Ben Taarit, représentante du Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl), a exprimé son refus que les partis soient financés par des sociétés commerciales, par crainte de voir ces sociétés devenir un instrument de blanchiment de fonds en provenance de parties étrangères.
Cette idée a été partagée par Mongi Miled, qui a estimé que le soutien des partis ne peut provenir que de personnes physiques et non de sociétés commerciales, exprimant son rejet de la proposition relative à la création d’un fonds de développement de la démocratie, financé à 10% par des sociétés pour soutenir les petits partis.
En contrepartie, les représentants du Mouvement des démocrates socialistes (Mds) et du Parti démocrate progressiste (Pdp), respectivement Rachid Guermazi et Maher Hanine, se sont dits favorables à l’idée de créer un Fonds financé par des sociétés commerciales, en raison de l’absence d’un financement public, soulignant la nécessité de soumettre les contributions de ce fonds aux règles de la comptabilité transparente.
La réunion de jeudi a été l’occasion de mettre l’accent sur la nécessité de maintenir la logique consensuelle au sein de l’instance, de veiller à en concrétiser les objectifs et de rappeler qu’il s’agit d’une responsabilité qui incombe aux partis et organisations représentés au sein de l’instance.
«On ne peut accepter qu’un parti impose son point de vue sur la majorité, en menaçant de se retirer de l’instance», s’est emporté Massoud Romdhani, membre de l’instance, qui a plaidé en faveur du respect de l’opinion opposée et de la consécration du principe du dialogue.
En réponse aux interventions, le président de la Haute instance, Yadh Ben Achour, a précisé que la préservation de l’unité de l’instance contre les risques de la scission et la décomposition est, à la fois, un devoir et une responsabilité, soulignant la volonté de ne ménager aucun effort en vue de convaincre les parties qui s’en sont retirées d’y retourner.
La création d’un Fonds de développement de la démocratie, a-t-il soutenu, est une idée qui a été accueillie favorablement par l’instance, précisant que le transfert d’une partie du financement des partis au profit du fonds est à ne pas comparer avec les modes de financement des fonds et des caisses institués sous l’ancien régime, indiquant que le peuple tunisien et les instances de contrôle, ainsi que les médias ne toléreront plus une mauvaise gestion des fonds publics et privés.