Pour que les citoyens s’inscrivent sur les listes électorales, un bureau a été installé, jeudi, à l’aéroport Tunis Carthage. Tout y est: des affiches et des bureaux. Seul bémol: les agents n’assurent pas de permanence.
Reportage de Zohra Abid


L’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) n’a pas lésiné sur les moyens pour sensibiliser les électeurs sur la nécessité de s’inscrire sur les listes électorales (affichage urbain, insertions publicitaires dans les médias, etc.). Le dernier délai a été fixé au départ le 2 août avant d’être reporté, faute d’affluence, au 14 du même mois. De gros moyens ont été mis à la disposition des citoyens. L’essentiel, c’est qu’une majorité d’électeurs répondent présent le 23 octobre.

Affiche géante, dépliants, table et chaise vide
Un communiqué de presse publié jeudi par l’agence Tap annonce: «Suite à la demande de la sous-commission indépendante pour les élections de la circonscription de Tunis II, il a été procédé à l’installation d’un bureau d’inscription des électeurs, au niveau de l’aéroport Tunis Carthage». L’opération a commencé le même jour. 
17 heures. L’aéroport de Tunis Carthage ne désemplit pas. Il y a des départs et des arrivées du monde entier. Plusieurs vols ont été retardés pour des raisons qu’on ignore. D’une demi-heure jusqu’à près de deux heures. Les amis et les familles qui accompagnent les voyageurs ou qui attendent l’arrivée d’autres, assis sur les bancs, ou debout, en petits cercles, s’impatientent.



Au rez-de-chaussée à gauche, tout au fond, un bureau au pied d’une colonne à côté d’un café. L’affiche ne passe pas inaperçue. Mais personne n’est là. Une liasse de dépliants à la portée de tout le monde. «Il vient de partir. Il n’y a même pas dix minutes. Il y a eu du monde aujourd’hui pour s’inscrire», dit la serveuse. Et d’ajouter qu’elle n’est pas très sûre que «l’homme du bureau de l’Isie va revenir après la rupture du jeûne».

En attendant Godot
Un jeune homme se pointe. Il attend le vol venant de Casablanca prévu à 16h30 qui a fait une heure et demie de retard. «Je dispose encore d’une heure. J’ai voulu profiter pour m’inscrire. Mais voilà, personne n’est là», dit Anis, un responsable logistique dans une grosse boite allemande d’automobile. Comme Anis, Ramzi allait, à moins un, rater l’inscription sur les listes électorales. Et pour cause. Il vient de se marier et il était en voyage de noces. La date du 14 août tombe bien. «L’avion de Paris a fait un retard de 30 mn. J’ai voulu entre-temps m’inscrire. Pas de chance. Ça va être pour plus tard. Si je trouve déjà le temps. Sinon tant pis. On a l’impression qu’on est en train de tramer des scénarios et tout ce qui se fait n’est que du théâtre et de la poudre aux yeux», raconte Ramzi, le commerçant, plus déçu que lui tu meurs.



Du grand retour des symboles de l’ancien régime et d’une révolution avec son lot de martyrs, finalement pour rien...
A côté de Ramzi, un homme fraîchement à la retraite. A la main, sa pièce d’identité. Il habite à Mornaguia (dans la banlieue ouest de Tunis). Il est venu accueillir sa fille Jihène, qui prépare un master en biologie à la Faculté René Descartes de Paris. Jihène est brillante comme ses deux frères ingénieurs en informatique, un à Paris et l’autre à Tunis. M. le professeur semble comblé. Quant à son droit (et devoir), il y tient aussi. Il veut s’inscrire sur les listes électorales pour pouvoir voter. «Oui. Voter. Oui voter pour la première fois... A mon âge, ça semble bizarre!», dit-il sur une note positive.

Résidents, out !
Sami dispose d’une boutique de location de voiture à l’aéroport. Il n’a pas le temps pour aller faire la queue et s’inscrire. Devant sa Star Rent, il est inquiet. «J’ai dû m’absenter plus d’une trentaine de minutes et j’ai loupé même des occasions pour louer des bagnoles. J’ai été à l’autre bureau au premier étage. Lorsque mon tour est arrivé, le monsieur m’a dit que c’est réservé aux non résidents. Ils auraient dû coller une affiche pour nous prévenir», raconte Sami.
Du côté de l’enregistrement au premier étage, il y a, il est vrai, un second bureau (et pas un seul comme indiqué dans le communiqué de l’Oaca). Un bureau, une chaise, des dépliants estampillés encore de la date du 11 juillet au 2 août, un ordinateur et une liasse de papiers rangés…
17H30, on reprend l’escalator. Quatre autres personnes se présentent au bureau d’en bas. Il n’y a que des affiches, un bureau, une chaise, un ordinateur et une liasse de papiers rangés... L’agent n’est plus là. Il faut revenir demain… Mais dans un aéroport, les gens reviennent rarement le lendemain. Combien d’inscriptions sont ainsi perdues?

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Tunisie. « Wqaït bach Tqaid»… à l’aéroport de Tunis-Carthage

Pour que les citoyens s’inscrivent sur les listes électorales, un bureau a été installé, jeudi, à l’aéroport Tunis Carthage. Tout y est: des affiches et des bureaux. Seul bémol: les agents n’assurent pas de permanence. Reportage de Zohra Abid

L’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) n’a pas lésiné sur les moyens pour sensibiliser les électeurs sur la nécessité de s’inscrire sur les listes électorales (affichage urbain, insertions publicitaires dans les médias, etc.). Le dernier délai a été fixé au départ le 2 août avant d’être reporté, faute d’affluence, au 14 du même mois. De gros moyens ont été mis à la disposition des citoyens. L’essentiel, c’est qu’une majorité d’électeurs répondent présent le 23 octobre.

Affiche géante, dépliants, table et chaise vide

Un communiqué de presse publié jeudi par l’agence Tap annonce: «Suite à la demande de la sous-commission indépendante pour les élections de la circonscription de Tunis II, il a été procédé à l’installation d’un bureau d’inscription des électeurs, au niveau de l’aéroport Tunis Carthage». L’opération a commencé le même jour.

17 heures. L’aéroport de Tunis Carthage ne désemplit pas. Il y a des départs et des arrivées du monde entier. Plusieurs vols ont été retardés pour des raisons qu’on ignore. D’une demi-heure jusqu’à près de deux heures. Les amis et les familles qui accompagnent les voyageurs ou qui attendent l’arrivée d’autres, assis sur les bancs, ou debout, en petits cercles, s’impatientent.

Au rez-de-chaussée à gauche, tout au fond, un bureau au pied d’une colonne à côté d’un café. L’affiche ne passe pas inaperçue. Mais personne n’est là. Une liasse de dépliants à la portée de tout le monde. «Il vient de partir. Il n’y a même pas dix minutes. Il y a eu du monde aujourd’hui pour s’inscrire», dit la serveuse. Et d’ajouter qu’elle n’est pas très sûre que «l’homme du bureau de l’Isie va revenir après la rupture du jeûne».

En attendant Godeau

Un jeune homme se pointe. Il attend le vol venant de Casablanca prévu à 16h30 qui a fait une heure et demie de retard. «Je dispose encore d’une heure. J’ai voulu profiter pour m’inscrire. Mais voilà, personne n’est là», dit Anis, un responsable logistique dans une grosse boite allemande d’automobile. Comme Anis, Ramzi allait, à moins un, rater l’inscription sur les listes électorales. Et pour cause. Il vient de se marier et il était en voyage de noces. La date du 14 août tombe bien. «L’avion de Paris a fait un retard de 30 mn. J’ai voulu entre-temps m’inscrire. Pas de chance. Ça va être pour plus tard. Si je trouve déjà le temps. Sinon tant pis. On a l’impression qu’on est en train de tramer des scénarios et tout ce qui se fait n’est que du théâtre et de la poudre aux yeux», raconte Ramzi, le commerçant, plus déçu que lui tu meurs. Du grand retour des symboles de l’ancien régime et d’une révolution avec son lot de martyrs, finalement pour rien...

A côté de Ramzi, un homme fraîchement à la retraite. A la main, sa pièce d’identité. Il habite à Mornaguia (dans la banlieue ouest de Tunis). Il est venu accueillir sa fille Jihène, qui prépare un master en biologie à la Faculté René Descartes de Paris. Jihène est brillante comme ses deux frères ingénieurs en informatique, un à Paris et l’autre à Tunis. M. le professeur semble comblé. Quant à son droit (et devoir), il y tient aussi. Il veut s’inscrire sur les listes électorales pour pouvoir voter. «Oui. Voter. Oui voter pour la première fois... A mon âge, ça semble bizarre!», dit-il sur une note positive.

Résidents, out !

Sami dispose d’une boutique de location de voiture à l’aéroport. Il n’a pas le temps pour aller faire la queue et s’inscrire. Devant sa Star Rent, il est inquiet. «J’ai dû m’absenter plus d’une trentaine de minutes et j’ai loupé même des occasions pour louer des bagnoles. J’ai été à l’autre bureau au premier étage. Lorsque mon tour est arrivé, le monsieur m’a dit que c’est réservé aux non résidents. Ils auraient dû coller une affiche pour nous prévenir», raconte Sami.

Du côté de l’enregistrement au premier étage, il y a, il est vrai, un second bureau (et pas un seul comme indiqué dans le communiqué de l’Oaca). Un bureau, une chaise, des dépliants estampillés encore de la date du 11 juillet au 2 août, un ordinateur et une liasse de papiers rangés…

17H30, on reprend l’escalator. Quatre autres personnes se présentent au bureau d’en bas. Il n’y a que des affiches, un bureau, une chaise, un ordinateur et une liasse de papiers rangés... L’agent n’est plus là. Il faut revenir demain… Mais dans un aéroport, les gens reviennent rarement le lendemain. Combien d’inscriptions sont ainsi perdues?