Un groupe de personnes a manifesté, samedi, devant l’ambassade de Syrie à Tunis dénonçant les «pratiques sauvages de l’armée syrienne contre son peuple». Mais l'élite intellectuelle reste étrangement silencieuse.


Les manifestants, quelques dizaines de Syriens résidents en Tunisie et de blogueurs locaux, se sont rassemblés devant le siège de l’ambassade brandissant des banderoles portant des slogans dénonçant la répression du pouvoir contre le peuple syrien.
Au cours de ce rassemblement, la chanteuse tunisienne Amel Mathlouti et l’artiste Yasser Jarradi ont interprété des chansons engagées. «Ce qui se passe en Syrie est un crime contre l’humanité à l’encontre d’un peuple qui aspire à la liberté et à la démocratie», a déclaré Amel Mathlouti.
On notera cependant qu’à l’exception de quelques partis, qui se sont fendus d’un communiqué de soutien au peuple syrien (notamment El Majd qui a demandé au gouvernement provisoire le rappel de l’ambassadeur de Tunisie en Syrie), la société civile tunisienne garde un étrange silence vis-à-vis des carnages perpétrés par le régime syrien contre la population civile de ce pays depuis trois mois.
Que font nos activistes, en dehors de l’organisation de séminaires et d’ateliers à l’utilité très discutable, et de la chasse aux financements européens et américains dans le cadre de vagues projets de soutien à la démocratie? Sont-ils si pressés de cueillir les fruits, sonnants et trébuchants, de leurs engagements passés, qu’ils en viennent à oublier leurs devoirs présents? Leur mission s’est-elle terminée avec la fuite de Ben Ali, le 14 janvier? Leur silence sur ce qui se passe en Libye, au Yémen et en Syrie, et même dans certaines régions de la Tunisie, est, en tout cas, très assourdissant.

 

Imed Bahri