Le ministre de l’Intérieur Habib Essid effectue des visites aux postes frontaliers avec l’Algérie pour inspecter les dispositifs mis en place pour faire face aux infiltrations d’éléments terroristes. Reportage de l’agence Tap…


Ramadan, mois du jeûne, 50 degrés à l’ombre et terrain arides, tel est le quotidien de près de 80 agents de la garde nationale positionnés sur les postes les plus risqués de la frontière sud-ouest avec l’Algérie.

Des foyers de groupuscules terroristes
A Sondes (délégation de Chébika), Meghatta, Faj Bouzayène et Midès (délégation de Tamaghza), postes surplombés par les djebels Om Kemekem et Zrif El-Ouaer, connus par les services de sécurités pour être des foyers de groupuscules terroristes, la garde nationale a redoublé de vigilance en dépit des conditions difficiles, affirme le lieutenant Ali Hamdi.
A Meghatta, les gardes-frontières ont avorté, le 21 juin dernier, une tentative d’infiltration sur 300 mètres d’un groupe d'individus qui préparait l’assaut depuis la veille.
Durant Ramadan 1995, le poste de Sondes a été attaqué par un groupe terroriste. Sept agents de la garde nationale ont été tués dans l’attaque alors qu’ils prenaient le repas de l’Iftar *.  
Les groupes terroristes attaquent généralement pour s’emparer des armes et des munitions, expliquent les chefs de postes frontières.

Les agents en alerte maximale
Pour le ministre de l’Intérieur Habib Essid, qui effectue une série de visites aux postes frontières terrestres pour prendre connaissance des conditions de travail et booster le moral des troupes, la stabilité de la situation sécuritaire dans ces zones n’empêche pas l’impératif d’observer une vigilance extrême.
Des opérations blanches inopinées sont périodiquement organisées pour maintenir les agents en alerte et les préparer à affronter les dangers.
«Les agents effectuent des rondes de ratissage, creusent des trappes et posent des pièges pour lutter contre les infiltrations, en particulier en cette période sensible de troubles qui risque d’inciter certaines parties à vouloir entrer illicitement sur le sol tunisien», indique le lieutenant Hamdi, chef de brigade à Tamaghza.
Le dispositif de sécurisation des frontières est assuré par des brigades de première ligne et des unités mobiles positionnées en deuxième ligne pour renforcer les opérations de ratissage en collaboration avec l’armée nationale.

Des mouvements suspects détectés
Un programme de réhabilitation par priorité des postes frontières est en cours d’élaboration pour améliorer les  conditions de travail des agents, a annoncé le ministre. Ce programme prévoit la construction de nouveaux locaux pour de nombreux postes, le renforcement des équipements de protection comme les gilets pare-balles ou encore des véhicules de patrouilles. Les agents effectuent des patrouilles à pied, dont chacune s’étend sur 9 km et dure 6h30 de temps.
Les agents, dont l’âge ne dépasse pas 26 ans, passent 4 ans dans un poste, dans des conditions difficiles. Ils s’approvisionnent en eau dans les sources naturelles ou en récupérant les eaux de pluies et préparent eux-mêmes leurs repas.
Pour l’adjudant Naim Arfa, originaire de Nabeul et affecté au poste frontalier de Meghatta, ces conditions extrêmes n’affectent point la détermination de servir et de protéger la patrie «surtout que des mouvements suspects sont détectés près de la frontière».
Réaffecté au poste de Sondes, l'adjudant Aymen Chaabni estime que la vigilance suppose compétence, courage et grand esprit patriotique.
La Tunisie compte 150 postes frontières, où sont affectés essentiellement les diplômés de l’école de la garde nationale de Bir Bouragba.

* Note de Kapitalis : Les médias de l’époque avaient publié, le lendemain, des entrefilets évoquant la mort 7 agents… dans un accident de la circulation, sans égard pour la douleur des familles qui enterraient leurs morts.