Le ministre libyen des Affaires étrangères, qui a séjourné en Tunisie jeudi et vendredi, a laissé transparaître des signes de grande lassitude. Le clan Kadhafi a-t-il épuisé toutes ses cartes?


Le ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelaâti Obeidi, a quitté vendredi après-midi Tunis à destination de Djerba, une île du sud tunisien, d’où il a regagné Tripoli par voie terrestre.
Le chef de la diplomatie libyenne était arrivé jeudi soir dans la capitale tunisienne par avion spécial en provenance d’Athènes.
C’est la sixième fois, depuis la défection de son prédécesseur Moussa Koussa fin mars dernier, que M. Obeidi transite par la Tunisie pour des missions à l’étranger, dont deux fois à Athènes. Sa précédente visite à Tunis a eu lieu le 26 juillet. Il avait alors rencontré Mohamed Moudli Kéfi, ministre des Affaires étrangères. M. Obeidi, engagé dans des négociations sur l’avenir de la Libye, avait aussi séjourné en juin à Djerba, pour «négocier avec plusieurs parties étrangères» de l’avenir de la Libye.
En recevant la visite du chef du Conseil national de transition (Cnt), la Tunisie avait fait savoir qu’elle souhaitait «une solution pacifique en Libye dans les plus brefs délais». La rencontre de Moustapha Abdeljalil avec le Premier ministre de transition Béji Caïd Essebsi n’avait pas été suivie par une reconnaissance formelle de l’instance politique des insurgés anti-Kadhafi, comme cela avait été annoncé par les médias, la Tunisie voulant visiblement garder deux fers au feu et se ménager la possibilité de jouer un rôle de médiateur dans le conflit libyen.
Abdelaâti Obeidi, qui était visiblement très fatigué, s’est refusé à toute déclaration à la presse. «Je n’ai rien à dire», a-t-il sèchement répondu à un journaliste présent à l’aéroport de Tunis-Carthage, en refusant de se laisser prendre en photo.
Avant de prendre l’avion pour Djerba, le responsable libyen s’est longuement entretenu au salon d’honneur avec le ministre tunisien du développement Abderrazak Zouari, qui était accompagné de deux hommes d’affaires. Ni lui, ni M. Zouari n’ont communiqué sur le contenu de leurs discussions.
Le voyage de M. Obeidi intervient à un moment où les troupes de Kadhafi semblent se heurter à des difficultés d’approvisionnement en carburant notamment, dues aux sanctions internationales et au verrouillage maritime opéré par l’Otan.
Jeudi, un porte-parole du ministère tunisien de la Défense, le colonl-major Mokhtar Ben Nasr, a déclaré que l’armée tunisienne s’employait à lutter contre le trafic d’hydrocarbures dans le sud du pays, frontalier avec la Libye. Il a fait état du renforcement des mesures de contrôle pour faire face à la contrebande d’essence et de gasoil à travers la frontière longue de plus de 500 km.
Malgré la saisie par les unités militaires et sécuritaires de camions transportant du carburant, les contrebandiers continuent néanmoins leur trafic en empruntant des pistes sahariennes.

I. B. (avec Afp, Ap)