Selon l'organisation ‘‘Liberté et équité’’, la torture, qui était monnaie courante sous Ben Ali, a continué d’être pratiquée par les services de sécurité après la chute de l’ancien régime.


L’organisation de défense des droits de l’homme, présidée par Imène Trigui, a donné une conférence de presse, vendredi, à Tunis, pour lever le voile sur les tortures et les violations de droits subis par des citoyens de la part de forces de sécurité avant et après la révolution du 14 janvier.
Mme Trigui a appelé, à ce propos, à une réaction de l’opinion publique pour lutter contre ces pratiques «inhumaines» et y mettre fin. «C’est le manque de confiance à l’égard de l’appareil judiciaire» qui nous amène à présenter ces cas au public, a-t-elle fait remarquer, en faisant projeter des vidéos dans lesquelles des victimes de la torture témoignent sur les calvaires qu’ils ont vécu dans les postes de police.

Trois jeunes, trois destins tragiques
Le jeune Salaheddine Jelassi relate les exactions et le viol qu’il a subis en 2003 de la part de certains agents de police suite à une altercation avec un proche du secteur de la sécurité. «Cet incident a eu des conséquences sur mon état psychologique, au point de me pousser maintes fois à tenter de me suicider», dit-il.
Une autre vidéo s’attarde sur les circonstances du décès, le 15 août dernier, d’Anis Omrani au cours des manifestations pour l’indépendance de la justice. L’organisation a appelle à l’ouverture d’une enquête indépendante sur cette mort suspecte, sans y associer le ministère de l’Intérieur, afin qu’il ne soit pas «juge et partie» dans cette enquête.
Troisième cas exposé, celui de Tahar Melliti, jeune bachelier interpellé, le 22 juillet dernier, devant son domicile, à la Cité Ezzouhour, pour des raisons inconnues, et décédé dans des circonstances non élucidées le 1er août à l’hôpital de La Rabta.
La présidente de ‘‘Liberté et équité’’ a insisté, à la clôture de la conférence, sur l’incrimination de la torture «qui constitue une violation de l’intégrité physique». Elle a dénoncé la poursuite de ces pratiques dans les centres de détention. Ce qui est, a-t-elle dit, en «contradiction avec l'objectif fondamental pour lequel s’est soulevé le peuple tunisien.»