La libération de Mohamed Mouammar et l’apparition télévisée de Seif El Islam, que l’on disait entre les mains des insurgés, brouillent la vision de la situation en Libye. Mais les dés sont jetés…
Les informations, rapportées par le Comité national de transition de sources au sein des insurgés, sont donc sujettes à caution et participent de la guerre psychologique que se livrent les deux parties. Cela est évident et la réapparition de Seif El Islam, hier en fin de soirée, devant les caméras en est la preuve indiscutable.
Reste que, sur le terrain, et si l’on excepte les villes de Syrte (centre-nord) et Sebha (sud) et l’enclave de Bab El Aziziya à Tripoli, où sont retranchés ce qui reste des brigades Kadhafiennes, et peut-être Kadhafi lui-même, sa famille et ses plus proches collaborateurs, on peut dire que les insurgés, conduits par le Cnt, ont la situation bien en main. La chute finale du Guide n’est donc qu’une affaire d’heures ou de jours.
Il va falloir cependant que les nouvelles forces qui ont pris le contrôle du pays s’organisent pour remettre de l’ordre dans le pays, sécuriser les villes, assurer le ravitaillement de la population et, plus important encore, désarmer les rebelles et les intégrer au sein des forces régulières, et éviter que, parmi les nouveaux chefs militaires apparus pendant la guerre civile, n’émergent des seigneurs de guerre avec de grands appétits de pouvoir. Ce qui risquerait de provoquer l’irréparable: la partition du pays et son entrée dans une phase de guéguerres dont ni les Libyens ni leurs partenaires occidentaux ne sont disposés aujourd’hui à accepter les conséquences.
En cette phase délicate, les élites politiques libyennes devraient faire preuve de beaucoup de responsabilité, de pondération et d’esprit consensuel pour faire aboutir une belle révolution qui a chassé l’un des dictateurs les plus fourbes et les plus dangereux que l’humanité ait connus au cours des quarante dernières années.
Imed Bahri