On se souviendra de lui lorsqu’on se rappelle sa provocation du Premier ministre Beji Caïd Essebsi, alors que ce dernier prononçait un discours. Aujourd’hui, il devra faire face à la justice pour charges de corruption.
Par Aya Chedi


Il s’agit du secrétaire général du Parti de l’Avenir pour le Développement et la Démocratie, Samih S’himi. Un cadre de l’Office de l’aviation civile et des aéroports (Oaca). Dans un article paru dans un quotidien de la place, ce dernier a tiré sur ce qu’il a appelé «la bande de malfaiteurs au sein du ministère des Transports». Une «bande» qui, selon lui, sera la cible de son parti dans les prochains jours, puisque M. S’himi affirme disposer «des détails de tous les dossiers de corruption et de malversation au sein de ce ministère».

Tirs croisés contre le ministre des Transports
Appelant le gouvernement provisoire à «tenir ses responsabilités», le secrétaire général du Padd exprime son désarroi «de ce que sont devenues les choses, ce qui a permis à cette bande de malfaiteurs, à leur tête Salem Miladi, ministre des Transports, de revenir par la porte pour jouer des rôles déterminants, à l’image de ce qui se passait à l’époque de Ben Ali». M. S’himi ne s’arrête pas là. Il appelle aussi à «démettre de ses fonctions le ministre des Transports provisoire, et à le poursuivre en justice, puisqu’il a été impliqué dans toutes les magouilles qui ont lieu depuis des années au sein de ce ministère».  
M. S’himi a intégré l’Oaca en 2002. En vertu d’un contrat d’initiation à la vie professionnelle (Civp), il se voit recruté au mois de janvier 2003. Selon des sources au sein de l’Oaca, que nous avons contactées, M. S’himi «s’est illustré par son manque de discipline et par l’absentéisme, ce qui avait poussé son chef hiérarchique à suggérer de ne plus lui renouveler son contrat». Mais étant le fils «d’un proche du système. M. S’himi, a su s’en sortir», nous a-t-on indiqué aussi. Il intègre par la suite la direction de l’environnement au sein de l’office ; il est en charge du suivi des projets d’aménagement et de l’entretien d’espaces verts.  Une  position qui lui aurait «servi pour nouer de nouveaux contacts avec des entrepreneurs et des fournisseurs», ce qui a poussé ses chefs hiérarchiques «ayant des soupçons» de le priver d’une promotion au poste de chef de service.

Le ministère des Transports contre-attaque
Et c’est au mois d’août courant, et suite à un audit interne, que les services de l’Oaca constatent «que Samih S’himi aurait manipulé les lots du projet d’ouvrage et d’entretien des espaces verts de la station de radar dans la localité d’Akouda, gouvernorat de Sousse». Il aurait, toujours selon la même source, «approuvé les factures de la fin des travaux, alors qu’ils ne sont pas encore achevés». C’est ce qui est signé par lui-même dans le PV daté du 5 août dernier, un PV ou l’on peut aussi voir que les «paiements ont été effectués». Le même PV comprend, par ailleurs, la signature de l’entrepreneur ayant pris en charge l’exécution du projet.  
Sur ce, le ministère des Transports compte porter plainte contre son agent pour fraude et corruption. Le PV en question, dans certains de ses détails, donne le sentiment que cette affaire pourra connaître des rebondissements. Car selon M. S’himi, contacté, «il s’agit d’une bande de malfaiteurs. Je n’ai jamais été la personne en charge de ce dossier, mais un simple fonctionnaire parmi d’autres», nous dit-il. Expliquant cette plainte qui sera portée contre lui par «la peur des preuves tangibles dont je dispose contre eux, les incriminant de corruption et de malversation. Ces responsables à la tête du ministère des Transports, ont choisi le recours aux méthodes de l’ancien régime en essayant de m’intimider de cette façon». Il se demande cependant : «Pourquoi cet audit n’a été effectué qu’après mon initiative de les dénoncer? Ou encore pourquoi je ne suis pas passé devant le conseil de discipline de mon administration?».
M. S’himi a promis de dévoiler encore plus de détails, attendons pour voir!