Le comité central d’Afek Tounes, réuni lundi et mardi, a dû passer au vote pour trancher: il n’y aura pas d’alliance avec le Pôle démocratique moderniste (Pdm). Une question qui a failli faire imploser le mouvement. Par Zohra Abid
Ce vote, intervenu après deux jours d’âpres négociations, a mis fin aux dissensions au sein du parti autour de ce sujet. Les membres du comité central, qui menaçaient de démissionner en cas de non-alliance avec le Pdm, semblent donc revenus à de meilleurs sentiments. L’unité du parti a prévalu sur les divergences. Pour le moment…
Non à l’alliance avec le Pôle démocratique!
Jusqu’à hier soir, il y avait deux points de vue divergents au sein du comité central de ce jeune parti libéral et centriste. Une partie plaidait pour une alliance avec le Pdm, un mouvement centriste modéré et, surtout, complémentaire avec Afek Tounes. L’autre partie considérait qu’il était moins urgent de renforcer le parti par d’improbables alliances que de préserver la crédibilité aux yeux des Tunisiens. La première partie est représentée par Emna Menif, Riadh Zaoui, Hatem Chelbi, Héla Hbabou et Mustapha Mezghanni.
«Ç’aurait été une grosse erreur. Heureusement qu’il y a eu vote et la majorité a dit non», s’est confié à Kapitalis Faouzi Ben Abderrahman, membre du comité central. Et d’ajouter qu’Afek Tounes a sa propre ligne et un style différent de celui des six autres partis du Pdm. Selon M. Ben Abderrahman, il y a aujourd’hui, du travail à faire sur un autre front : ne pas céder la place aux anciens du Rcd dissous, qui sont de grand retour sur la scène et qui peuvent nuire au pays et au peuple qui leur a dit non. «L’énorme faute, c’était d’avoir dissous ce parti honni par tous. Avant, on connaissait ses adhérents et qui faisait quoi. Mais aujourd’hui, ils se cachent derrière d’autres partis qu’ils ont fondés et, au moment opportun, ils vont se remettre ensemble pour reconquérir la place comme auparavant, si ce n’est pas pire. Cette dissolution, Afek Tounes l’a dénoncée dès le départ», a-t-il précisé.
Divergence sur l’adversaire : Ennahdha ou les ex-Rcd?
Si M. Ben Abderrahman et ses camarades focalisent leurs craintes sur les anciens du Rcd, le discours des six partis réunis sous la bannière du Pdm ne voient, quant à eux, qu’un seul adversaire: Ennahdha. D’ailleurs, le parti Ettajdid ne rate aucune occasion pour critiquer, accuser et combattre (et toutes les raisons sont bonnes pour cela) le parti islamiste. Cet acharnement d’Ettajdid sur Ennahdha a-t-il été le principal point de divergence parmi les Afekistes et qui a fait capoter le projet d’alliance?
Interrogée par Kapitalis, Emna Menif s'est contentée de dire que tout s’est arrangé mardi dans la soirée, sans entrer dans les détails: «Il y a eu un désaccord, une petite tension et c’est normal que le parti passe par une crise de croissance. Là tout est rentré dans l’ordre». Bien qu'elle soit favorable à une alliance avec le Pdm, Mme Menif s'est alignée finalement sur la position de la majorité. C'est à son honneur. Elle a pu, entre-temps, faire parler d'elle. Et ce n'est pas de refus. "Tout est rentré dans l'ordre", comme elle l'a dit. Ce n’est cependant pas le cas de son camarade Mustapha Mezghanni, qui fait encore durer le suspense. Partira ou ne partira pas d’Afek Tounes? Wait and see…