Selon son confrère Me Imed Belkhamsa, Me Ezzeddine Mhedhbi n’a pas dit la vérité sur sa «démission» de la Commission d’investigation sur les affaires de corruption et de malversation (Ciacm). Du tic au tac... Par Zohra Abid

 

Lors de sa rencontre jeudi avec les médias, Me Ezzeddine Mhedhbi a fait des déclarations mettant en doute l’intégrité de la Ciacm. L’avocat a accusé la commission, dont il était membre, de ne pas être à la hauteur de sa mission. 24 heures après, cette même commission a invité les médias et présenté sa propre vérité.

Manque de transparence et de crédibilité?
Me Mhadhebi dit avoir démissionné de la Ciacm parce que rien n’allait plus dans cette commission qui manque de transparence et de crédibilité. Selon lui, il y a eu, entre autres, un document où Ben Ali a noté qu’il avait reçu une parure pour Leïla et qu’en contrepartie, il a donné l’ordre à ce que le généreux hôte ait un lot de terrain à Aïn Zaghouan, au nord de Tunis. Document que la Ciacm aurait caché.

Pour les autres membres de la commission, Me Mhedhbi n’a pas dit la vérité. Car, il n’a pas dit dans quelles conditions il a démissionné. Selon son confrère Me Imed Ben Khamsa: «Ce n’est strictement pas la vérité. Concernant le document dont il parle, la commission n’a jamais eu rien du genre sous la main. Une fois, mon confrère Mhedhbi, le professeur que je continuerai à respecter, raconte qu’il a vu le document et une autre fois il dit qu’il en a seulement entendu parler. Je vous assure qu’on n’a jamais vu ce document». Comment expliquer les propos tenus par Me Mhedhbi. Pour Me Ben Khamsa, ce dernier  n’avait pas le choix et à un moment ou un autre, il devrait démissionner.

Me Mhedhbi avocat des Trabelsi?
Pourquoi? Selon le conférencier et membre de la Ciacm, après avoir découvert que Me Mhedhbi figurait en tant que défenseur en 2008 de l’un des membres du clan Trabelsi (de la famille de Mohamed Naceur Trabelsi), il a été décidé de l’écarter. «Car, la commission n’accepte ni un membre d’un parti politique ni une personne ayant été ou eu une liaison quiconque avec l’ancien régime», a expliqué Me Belkhamsa. Et de poursuivre qu’en juin dernier, suite à une enquête concernant un homme d’affaires, on a découvert que Me Mhedhbi – avec deux autres personnes – a profité de la situation fragile de cet homme d’affaires pour lui soustraire de l’argent en lui promettant de faire de son mieux pour fermer le dossier. «Là, c’est fini. Il n’a plus de place parmi nous. M. Amor l’a donc convoqué le 15 juin pour lui suggérer de démissionner sinon il serait tout naturellement démis. Le 16 juin, il a démissionné», a affirmé M. Belkhamsa.

Mister Ezzeddine et Me Mhedhbi?
Me Ezzeddine Mhedhbi est avocat à la cour de cassation, enseignant à la faculté de droit de Tunis, ancien capitaine de l’équipe nationale de volley-ball. Il s’est intéressé aux questions liées à la corruption depuis 1990 avec un groupe d’amis et de camarades : feu Hichem Gribaa, Brahim Belarbi et Hamadi Redissi.

Ce groupe fut à l'origine de toute la littérature clandestine parue sur la corruption depuis le coup d’Etat de 1987. Sous Ben Ali, son cabinet d’avocat a été saccagé à trois reprises et a subi quatre redressements fiscaux. Sa maison, sa voiture et ses comptes bancaires ont été saisis par le fisc. Après la révolution, il a lancé l’idée d’un Collectif national de lutte contre la corruption (Cnlc) pour dénoncer les actes de prédation et participer au développement d’une culture anti-corruption en Tunisie. C’est à ce titre qu’il a été coopté pour faire partie de la Ciacm. Mais rien, lors de la constitution de cette commission, ne laissait présager une telle fin de partie.