Le scoop de la semaine: après avoir longtemps fait cavalier seul, le Parti démocrate progressiste (Pdp) sent, soudain, le besoin de s’allier avec d’autres formations. Mais lesquelles?
«Les ennemis de la révolution et des libertés ne trouveront pas de place dans la nouvelle carte politique» en Tunisie», a déclaré Maya Jeribi, lors de la cérémonie d’inauguration de la section régionale du Pdp, samedi à la Soukra, au nord de Tunis.
Le loup islamiste dans le poulailler
La Secrétaire générale du Parti démocrate progressiste (Pdp) n’a cependant pas jugé utile d’identifier ces «ennemis de la révolution et des libertés». Seraient-ce les membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd, dissous), qui se sont recyclés dans les innombrables autres partis, nouveaux et anciens, y compris le Pdp? Seraient-ce plutôt les islamistes du parti Ennahdha? Il n’est pas difficile d’imaginer ce que le doigt de la dirigeante Pdpiste désigne.
Cependant, comment contrer ces «ennemis de la révolution et des libertés»? Réponse de Mme Jeribi: il faut «un engagement résolu à assurer la réussite de l’élection de l’Assemblée constituante, le 23 octobre». Il faut aussi, selon elle, «une ferme volonté de soutenir les initiatives prônant la modernité et d’associer la femme et les jeunes à la vie politique».
Ahmed Néjib Chebbi, co-fondateur du Pdp et son leader attitré, a affirmé, de son côté, que les membres de son parti sont disposés à s’«engager dans une alliance avec les forces démocratiques et à conclure un programme commun pour réaliser les objectifs fixés et instaurer une société moderne et équilibrée».
La solitude du coureur de fond
M. Chebbi a reconnu l’existence d’une forte opposition entre son parti et le mouvement Ennahdha, qu’il a justifié par le fait que ce parti «défend une approche qui risque de menacer les libertés individuelles». Il n’a cependant pas indiqué avec quels autres partis le Pdp espère faire une alliance (Ettajdid ? Ettakatol ? Afek Tounes ? le Pôle démocratique moderniste?), ni si cette alliance sera électorale (ce qui est peu probable) ou politique ou stratégique.
Ce qui est sûr, en revanche, c’est que le Pdp, qui a jusque là fait cavalier seul, rejetant tous les appels à constituer une alliance des partis de centre-gauche, a changé, semble-t-il, d’avis. Se sent-il brusquement seul? Craint-il l’effritement des voix de la gauche traditionnelle ? A-t-il besoin de s’adosser à une masse électorale plus importante que celle que lui attribuent aujourd’hui les sondages?
Imed Bahri