Le limogeage du premier président du Tribunal administratif Ghazi Jribi, qui a été remplacé mercredi par sa collègue Raoudha Mechichi, continue de susciter des protestations au sein de la profession.


Le Syndicat des magistrats tunisiens (Smt) et le Syndicat de base du tribunal administratif ainsi que des magistrats exerçant au sein de cette institution constitutionnelle, ont dénoncé ce limogeage brusque et inattendu.
Le Smt a ainsi dénoncé, dans un communiqué diffusé mercredi, ce «limogeage», qui «suscite le doute». Le syndicat affirme qu’il s’agit d’une «atteinte à l’indépendance de la magistrature» reflétant une «hégémonie» du gouvernement de transition sur l’une «des principales structures du conseil de l’Etat appelée à assumer un rôle essentiel et déterminant dans le règlement des conflits lors de l’élection de l’Assemblée constituante».
Cette nomination, précise le Smt, va à «l’encontre de la bonne marche de la magistrature administrative, d’autant que le tribunal administratif est chargé d’un dossier délicat en rapport avec les litiges en matière de libertés publiques et de création de partis politiques». Elle vient aussi «saper les efforts tendant à statuer sur le contentieux électoral lors des prochaines échéances comme l’attestent des personnalités nationales et des organisations internationales», estime le Smt.
Il s’agit d’une décision «injustifiée» affirme, de son côté, le Syndicat des agents du tribunal administratif relevant de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), qui s’est également élevé contre «la décision de limogeage» de M. Jribi «connu pour sa compétence, son intégrité et son attachement à promouvoir le tribunal administratif».
Les magistrats exerçant au sein du tribunal administratif ont dénoncé, dans une pétition parvenue à l’agence Tap, ce «limogeage», estimant que cette décision «confirme l’existence de centres d’influence au sein du Premier ministère qui s’emploient à exercer une mainmise sur cette institution constitutionnelle». Ils ont appelé à la mobilisation des magistrats en cette période de vacances judiciaires.