D’où vient l’argent de Slim Riahi ? se demande Lotfi Mraihi. Le chef de l’Union populaire républicaine (Upr) est-il allé trop loin en lançant des accusations graves à l’encontre du chef de l’Union patriotique libre (Upl) ? Par Marouane El Mahdi
Au cours de l’une de ses rares conférences de presse, mercredi à Tunis, M. Mraihi a insisté pour faire passer le message : «Je me demande d’où vient tout cet argent réservé à la publicité politique et comment certains partis osent défier tout le monde et ne point prendre en considération le décret qui interdit une telle publicité. Je vise en particulier Ennahdha, le Pdp, l’Upl et Ettakatol».
«Comment a-t-il pu avoir tout cet argent ?»
Les accusations ne s’arrêtent pas là et c’est Slim Riahi qui en sera la principale cible : «Je vais citer des noms et être clair dans mes propos», ajoute M. Mraihi qui ne mâche pas ses mots : «Je ne peux que m’étonner de voir Slim Riahi se vanter d’une telle fortune. Comment a-t-il pu avoir tout cet argent alors qu’il n’a que dix ans dans l’exercice de son métier. C’est inconcevable et ça ne doit pas passer sans se renseigner sur les sources de cette fortune car, dans une telle situation, même le président déchu peut financer des personnes ou des entreprises pour s’imposer aux élections par tous les moyens et revenir sur scène par d’autres issues !».
Toujours à propos de Slim Riahi, le chef de l’Upr a rappelé aux esprits la rumeur qui fait actuellement le tour du pays concernant le père de Slim : «Je sais bien qu’il s’agit d’une rumeur, mais elle nous révèle que le père de Slim Riahi, magistrat au Tribunal de première instance de Tunis, avait un faux certificat de fin d’études et lorsqu’on a découvert cette vérité, il a préféré s’exiler en Libye».
Non au référendum
Lotfi Mraihi a parlé aussi de la position de son parti à propos du référendum : «Je n’y vois aucune utilité à présent et il est inadmissible de fixer un délai pour l’élaboration de la nouvelle constitution», a-t-il dit. Il a ajouté : «A nos débuts, on a proposé de ne pas perdre de temps et de passer directement à l’élection d’un nouveau président de la République et d’un parlement tout en se basant sur la Constitution de 1959, mais c’était sans suite. Aujourd’hui, nous proposons de préparer une nouvelle Constitution et d’élire un président par voie de scrutin et ne lui laisser aucune prérogative à part la Défense et les Affaires étrangères».
Revenant au programme électoral de son parti, M. Mraihi a indiqué qu’«il est basé sur une politique sociale juste et sur une économie portée par la consommation». Pour cela, il propose d’«augmenter le Smig afin de permettre à tout citoyen de consommer et d’avoir un pouvoir d’achat respectable.» C’est ainsi qu’il estime pouvoir relancer la consommation et impulser l’économie. Comment financer cette augmentation dans une économie exsangue comme celle de la Tunisie d’aujourd’hui ? «Pour mieux supporter cette augmentation du Smig, les patrons seront exemptés des frais de couverture sociale des smigards employés pendant cinq ans. Il faudra, également, penser à la protection du produit tunisien et encourager à sa consommation», explique M. Mraihi.
Le médecin mélomane converti à la politique croit tenir là la clé de la sortie de crise. En effet, expliquera-t-il, l’encouragement à la consommation est le meilleur moyen de faire bouger l’économie, mais il faut trouver les meilleurs mécanismes pour permettre au citoyen, quel que soit son niveau social, d’avoir les moyens de consommer.
Des remèdes pour réduire le chômage
Evoquant le volet chômage, qui touche aujourd’hui 700.000 personnes, le président de l’Upr estime qu’il y a des solutions pour faire travailler du monde sans trop gêner les employeurs. Il cite l’exemple du Capes qui bloque pas mal de monde : «Nous proposons aux chômeurs qui s’impatientent de travailler de continuer à percevoir le montant de 200 dinars, mais également de se recycler et de recycler d’autres personnes dans des domaines diverses. Ainsi, au bout d’une année, les chômeurs se trouveront plus disposés à travailler et à satisfaire leurs employeurs», propose le médecin.
Le chef de l’Upr a profité du point de presse pour annoncer que son parti participera aux élections de la Constituante avec quatorze listes dont quatre seront présidées par des femmes. Ainsi, on trouvera de l’Upr aux circonscriptions de Tunis 1, Tunis 2, Ariana, Ben Arous, La Manouba, Bizerte, Nabeul, Kasserine, Monastir, France 1, France 2, Allemagne, et pays arabes. Il a évoqué la polémique qui a suivi la candidature de Gilles-Jacob Lellouche, dans la liste de Tunis 2, rappelant que son parti est fier de compter sur les compétences de tous les Tunisiens, sans aucune discrimination. Il a rappelé également que l’Upr compte actuellement plus de 20.000 adhérents, pour la plupart dans le gouvernorat de Kasserine. Ce n’est pas mal joué pour un parti qui n’a que quelque mois d’existence.