L’ancien président tunisien croit en son innocence et à un possible retour au pays. Doit-on s’en étonner, face à la montée des forces contre-révolutionnaires ?
C’est à travers Akram Azouri, son avocat libanais et désormais son porte-voix, que l’ancien président a transmis son message. «Mon client est en train de subir une campagne de dénigrement qui nuit terriblement à son image. Aucun ordre de Ben Ali n’a été donné pour faire tirer sur les manifestants et les conversations téléphoniques entre les ministères de l’Intérieur et de la Défense sont toutes enregistrées», a déclaré l’avocat dans une interview à ‘‘Achark al Awssat’’, quotidien saoudien (information utile !) paraissant à Londres.
Un règlement de compte
Selon la même source, «il y a eu un complot contre Ben Ali, actuellement hôte privilégié de l’Arabie saoudite et point à la ligne. Ce complot a été tramé pour l’obliger à quitter immédiatement le pays et le renverser. Mon client dévoilera bientôt à son peuple des secrets avec des détails», souligne l’avocat libanais. Interrogé sur les accusations portées contre M. Ben Ali, l’avocat de l’ancien président dit qu’il s’agit d’un règlement de compte et en veut à ceux qui ont voulu s’emparer du pouvoir. A preuve, les banques suisses et françaises ne lui ont trouvé aucun numéro de compte bancaire en son nom. Ce qui a été filmé au Palais de Carthage a été effectué 40 jours après son départ, souligne encore l’avocat, par allusion aux armoires pleines de liasses de billets de banques trouvées dans son palais de Sidi Dhrif, près de Sidi Bou Saïd. «Mon client nie toutes ces accusations. En ce qui concerne les armes trouvées, ce sont des fusils offerts par des chefs d’Etat en guise de cadeaux, tout comme les parures en or et diamant qui sont aussi des cadeaux à Leïla Ben Ali. Quant aux lingots d’or volés de la Banque centrale de Tunisie (Bct), c’est une histoire infondée. D’ailleurs, le gouverneur de la Bct a lui-même nié le vol de lingots d’or», plaide Me Azzouri.
Et les tirs sur les manifestants, qui les a ordonnés, si ce n’est Ben Ali lui-même ? Réponse de l’ex-président via son avocat : «Pour être impartial, il faut revenir aux conversations téléphoniques. Toutes sont montées et enregistrées par ceux qui ont profité de la destitution de mon client. Elles ne sont donc pas fiables. Tout a été monté pour s’emparer du pouvoir et faire coller à mon client de fausses accusations», ajoute l’avocat.
Akram Azouri, l'avocat libanais de Ben Ali
Ben Ali veut parler à Caïd Essebsi
Me Azzouri ne s’arrête pas là, mais il retourne l’accusation contre l’Etat tunisien. «Ben Ali accuse l’Etat tunisien de ne pas délivrer les carnets scolaires de sa fille Halima (18 ans) et de son fils Mohamed (7 ans) aux autorités canadiennes pour qu’ils puissent continuer leurs études. Il compte s’adresser au Premier ministre Beji Caïd Essebsi pour qu’il intervienne et mette fin à de pareilles pratiques contre ses enfants. Ces derniers n’ont rien à voir avec la politique pour qu’ils soient privés de poursuivre leurs études», dit l’avocat libanais.
Que cherche encore Ben Ali en s’adressant ainsi de nouveau à ses concitoyens qui l’ont abhorré lui et son clan ? A cette question, Me Azzouri a aussi sa réponse : «Il veut rentrer au pays, qu’il a servi pendant 50 ans, dès que les conditions seront propices pour ce retour et que la situation sera stabilisée».
Reste à savoir quand ? Lorsque le sang des martyrs aura enfin séché ? Que les ex-Rcdistes auront repris les choses en main dans le pays ? Que les Tunisiens auront oublié et pardonné aux Ben Ali, Trabelsi, El Materi and Co ? Ou que les poules se verront pousser des dents ?
Z. A.