Les quelques figures connues du monde du football qui ont été recrutées par des listes électorales sont loin d’être exemplaires et, encore moins, une arme gagnante pour leur propagande électorale. Par Mourad Teyeb


Ce n’est pas inventé et ça se passe partout dans le monde, dans les pays développés en premier lieu. On fait appel à quelqu’un pour rejoindre la liste électorale d’un parti politique sur la base de ses qualités humaines et intellectuelles, pour sa popularité et son rayonnement dans un secteur ou dans une région, ou encore pour sa maturité politique et son charisme. L’objectif, assez légitime, est d’aider le parti à gagner la souscription.

C’est ce qu’ont fait deux des partis tunisiens novices, dont notamment l’Union patriotique libre (Upl) de Slim Riahi et l’Initiative de Kamel Morjane.

Or, leurs choix de joueurs ou de dirigeants de football sont loin d’être convaincants. Tout-à-fait le contraire, en effet. Ils ont choqué une grande partie de l’opinion publique et au lieu de renforcer leurs rangs par des atouts gagnants, ils risquent de mettre en jeu leur crédibilité et leurs chances de gagner les élections.


Saber Ben Fradj

Saber Ben Fradj : le récidiviste

Qui ne se souvient pas des gestes vulgaires, indécents et, plus, récidivistes de ce joueur. On n’oubliera jamais ses bras d’honneur et son geste de «on va vous égorger» à l’égard du public de l’Espérance de Tunis. Quel plus apportera à la liste de l’Initiative un joueur très moyen techniquement et limité intellectuellement ? Que peuvent attendre de lui et de ses pareils les électeurs de sa souscription ? Quelle image donnera-t-il à son parti ? Comment se comporteront les partisans de ce parti qui connaissent bien le gars et qui ne l’aiment pas, voire le détestent ?

Chokri El-Ouaer : le simulateur

C’est un gardien de but aux qualités techniques et physiques indéniables, au caractère fort et imposant. Mais beaucoup d’épisodes de sa vie privée et quelques incidents sur le terrain de jeu laissent à désirer et ne font pas de lui un choix idéal pour les électeurs.

Pour ne pas s’attarder sur ce qu’il a gagné dans le foot, notamment du temps de Slim Chiboub, l’on se contente de rappeler que ce joueur, promu capitaine de l’équipe nationale, a adressé à l’arbitre (Abderrahman Kochat) un coup de ballon dans la figure en plein match et en direct à la télé. Résultat : comme si de rien n’était et c’est, en revanche, l’arbitre Kochat qui a lui-même défendu El-Ouaer pour ce geste héroïque !

Le 12 septembre 1995, contre l’équipe ghanéenne Hearts of Oak au stade d’Accra, l’Espérance sentait l’élimination en quarts de finale de la Coupe d’Afrique des clubs champions. Ultime solution pour sauver les meubles, El-Ouaer usa d’un projectile en acier (une clé ou une pièce de monnaie) pour blesser son propre visage et faire semblant d'avoir été agressé. Les arbitres ont facilement découvert le «scénario», averti El-Ouaer et ordonné de poursuivre le jeu. L’Espérance a été éliminée et son gardien a écopé de deux matches de suspension pour l’édition suivante.
Imaginons un type pareil nous représenter à la Constituante.

 


Mongi Bhar

Mongi B’har : le douanier qui fait le clown

Il ne rate aucune occasion pour se ridiculiser. Il n’a jamais donné l’impression d’un responsable sportif crédible ou sérieux. Ses actes et ses propos donnent plus à rigoler qu’à écouter et prendre au sérieux. Beaucoup d’ambiguïté, voire de doutes, planent sur ses fréquentations (dans le monde du sport), ses alliances et ses décisions à la tête du CSHL.

En dehors du sport, M. B’har est un Rcdiste déclaré et chevronné. Mais ce que beaucoup de Tunisiens ne savent pas, ou semblent avoir oublié, c’est que le président du CSHL est le même Mongi B’har qui a été limogé de la Douane tunisienne, juste après le 14 janvier, avec une dizaine de ses pairs. Devinez pourquoi !

On attendra avec impatience pour voir ce que les listes comprenant des anciens du football ramèneront aux partis qui les ont «recrutés».